05 février 2006

Rah !

Il y a des soirs comme ça, où j’ai vraiment envie de botter le train de quelques gentils agents SNCF. Surtout les soirs où je le prends, leur train. Tout avait pourtant bien commencé…

« Ah tiens, y’a un connard sur ma place. Non je dis...bonjour ! Comment allez-vous ? Pas sur votre place en tout cas…oui moi non plus du coup. Haha. »
Un autre type arrive.
« Bonjour, vous êtes sur ma place.
-Ah. Ben c’est bête, hein ? Non mais c’est pas faute de pas vouloir aller sur la mienne, mais y’a déjà une paire de fesses dessus. »
La paire en question réagit.
« Ah non mais je suis bien sur ma place, regardez. 67, voiture 5,tout ça tout ça.
- Waouh, génial, on est copains de place alors ? »
Le doute m’assaille. La SNCF aurait-elle confiée à des EPITA la réalisation de son système de réservation (pour ne pas dire Laurent, au vu de son puissance 4) ? Une déchirure dans le continuum espace-temps aurait-elle conduit à la création d’un double maléfique de mon billet ? Mon voisin serait-il débile ?
« Ah ben il est pour Mars, votre billet.
- Ah, oui. » Troisième solution.
Non, surtout ne t’excuse pas, ne dégage pas de ma place, reste bien là à rire comme un niais. Bof, et puis pour ce que ça change… Evidemment, je suis assis dans l’un de ces vis-à-vis à la con comme on en trouve dans tous les TGV, un de ces lieux privilégiés de rencontres et de partage où l’on passe le plus clair de son temps à éviter le regarde de l’inconnu – forcément un mec – en face de soi, et à essayer de lui voler un maximum d’espace-jambes sans en avoir l’air.
Bon, sortons le sudoku. Je termine rapidement ma grille niveau XTREM WARRIOR ++, puis hausse un sourcil désabusé.
« Tu vois, petit, atteindre un tel niveau, c’est peut-être du travail, mais c’est surtout beaucoup de talent, retiens bien. Beaucoup, beaucoup de talent. Vraiment beaucoup. »
Le gamin qui passait par là poursuit son chemin, tout en feignant l'indifférence, mais je sais qu’au fond de lui j’ai allumé une flamme qui ne s’éteindra plus. Au loin, j’aperçois un vol de colombes à poil ras, magnifique dans ce ciel embrasé par un soleil couchant dont les derniers rayons caressent ma chevelure virevoltant au vent tiède d’un Février naissant tandis que j’écrase une larme de bonheur, dont la trajectoire est déviée par le vent tiède, avec le ciel et les colombes qui se reflètent dedans, mais j’ai pas réussi à recaser la chevelure, si vous avez une idée pour ce faire, écrivez moi. Ben quoi, si je veux attirer un lectorat plus féminin, il faut bien que je place de la séquence émotion et poésie. Bref.
Le temps se passe, lentement. Quoi lire ? J’ai des cours, dans mon sac, je pourrais peut-être en profiter pour m’avanc...mwhahaha non, trêve de plaisanteries. Dormons donc.

« Mesdames, messieurs, notre train va arriver en gare de Chambéry – Challes les eaux, avec 5 minutes d’avance. Merci de nous avoir fait confiance, nobles voyageurs, et puisse votre vie être douce et longue, que le bonheur emplisse votre maison, passe le bonjours à ton chien, caresse ta femme de ma part, tu emporteras bien un morceaux de gâteau...clic…La compagnie des wagons-lits et crématoriums associés espère que vous aurez apprécié de vous faire arnaquer et vous souhaite de revenir bientôt payer des sandwichs à 20€ pièce et autres enfilades faites maison. A bientôt, méprisables pigeons, et allez mourir pour les autres. Fin de transmis… ». Ouverture d’un œil. Ah, oui, c’était un rêve, bien sûr. Un train en avance…qui pourrait croire ça ?
Tiens, nous sommes arrêtés.
« Mesdames, messieurs, nous sommes arrêtés en pleine voie (sans déconner ?), pour votre propre sécurité, veuillez ne pas descendre du train. »
Au cas où il nous prenne la subite envie de faire les 300 derniers kilomètres à pieds, pour le fun.
Bon, qui dit train arrêté dit retard, mais jusque là, rien d’exceptionnel. Honnêtement, j’ai du mal à me rappeler de la dernière fois que mon train est arrivé avec moins de 15 minutes de retard. Manque de chance, sans doute.
Quelques instants plus tard, le conducteur nous apprend que suite à un accident voyageur, le train va devoir faire un détour pour éviter la gare dans laquelle la police mène l’enquête. Un pauvre type a dû passer sous un train, et maintenant…la police tente de reconstituer le puzzle.
(désolé)

Bref, deux heures de retard plus tard, le train arrive enfin en gare, dernier message du conducteur : « Nous arrivons en gare, deux heures de retard, merci de votre compréhension ». Pas d’excuses, normal.
A la sortie du train, je participe au saccage collectif de la gare, pour me réchauffer un peu, avant d’assister à la pendaison publique du conducteur.

Enfin, tout ça pour dire qu’avec un système de gestion du trafic plus performant, je pense que notre train n’aurait pas eu plus de 20 minutes de retard, et qu’il serait temps de penser à automatiser un peu plus la chose. L’avenir de l’univers en dépend.

3 commentaires:

Chris a dit…

Bon j'espère que les commentaires vont continuer de marcher plus de 5 minutes.

Anonyme a dit…

Alors ça c'est chouette, on peut mettre des commentaires maintenant.
Bon, alors, qu'est ce que je voulais dire ? Ah oui, tu devrais faire preuve d'un peu de respect pour le service public, surtout quand celui-ci n'est pas en grève.

Anonyme a dit…

et oui christal, c'est pas de chance, mon train était encore à l'heure à toulouse hier soir.

Mais bon, c'est vrai qu'il sont chiants ces gars à se suicider dans tous les sens. D'après mon père, rien que sur la région de chambéry, y'a toutes les semaines entre 1 et 3 suicides sous des trains. Si les gens ne tiennent plus à la vie, ils peuvent devenir des esclaves et ainsi être utiles aux autres.

Tout simplement.