31 décembre 2005

Max Duval

C'est l'histoire d'un pilote... un pilote d'exception.
Toujours vivant à 100 à l'heure, il n'avait, par extraordinaire, jamais connu l'échec.
« Pitié, Max, je veux viiiiivre » scandait la foule en délire, électrisée par ses exploits.
Virage à 135 km/h, frein à main en aveugle, rien n’était trop beau pour le spectacle. Les pneus crissaient, les gens hurlaient, d’admiration, Max était au sommet de sa gloire. Mais un soir de décembre enneigé, tout bascula. Max, Yves et moi étions alors à bord.

« Hé regarde ce tocard là bas, en train de faire des freins à main sur le parking, il est passé à 20 centimètres de la bagnolle !
- Ho le con » répliqua Max.
« Bon, on fait des freins à main ? ».
La croûte opaque sur le pare-brise ne dépassait pas 5mm, l’obscurité régnait, les conditions étaient optimales.
Premier 180 en aveugle, deuxième, le talent s’exprimait, nous nous taisions.
« On a écrasé un truc là ?
- Bof je sais pas, j’ai rien senti. Un chaton ou un bébé, au maximum.
- Ah ça va alors, c’est biodégradable. Hey regarde là-bas, des voitures. C’est l’idéal pour rajouter un peu de piment !
- Chic alors, allons-y ! »
Et c’est ainsi que nous-nous retrouvâmes virevoltant parmi les voitures, les rasant sans jamais les toucher. Max rayonnait de maîtrise, rien ne lui semblait impossible. Sa maestria était sans égale.
« Bon, ça manque de challenge par ici, il me faut un défi à ma mesure. Si on allait sur le parking du bas ?
- C’est toi le maître, Max » répondit Yves dans un souffle.
Max ne répondit pas.

C’était un virage en épingle banal, comme Max en avait vu des milliers de fois. Ni la voiture stationnée sur l’extérieur de la trajectoire, ni l’épaisse couche de neige n’auraient pu inquiéter ce pilote d’exception, à l’art consommé. Mais il arrivait vite.
« Non Max » criâmes-nous à l’unisson.
Trop tard.
Braquage, frein à main, accélérateur. La voiture effectua un demi-tour, puis commença à glisser vers l’extérieur. Instantané des pensées des occupants de la voiture en cet instant :

Max : « Bon, tranquille, je leur en mets plein la vue, je suis vraiment un gros daron de la conduite ».
Moi : « Bon, c’est mort, on va s’encastrer dans l’autre voiture. T’es vraiment un gros daron de la conduite, Max. »
Yves : « Et si j’incurvais un peu le profil d’aile ? Le rotationnel du champ de vitesse du fluide n’en serait-il pas alors translaté selon son gradient ? Faut que je vérifie ça en rentrant. »

Impact. Bilan : aile pliée, phare arraché pour Max, pare-choc déneigé pour l’autre voiture. Le constat fut esquivé.
Et c’est ainsi que mourût la légende de Max Duval l’invincible, et que des gens osèrent à nouveau monter dans sa voiture. Comme quoi, à quelque chose malheur est bon.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

mwouahaha
l'efficacité impitoyable du maître génie christophe, maniant les mots avec la maestria de Cyrano, tout en formulant clairement ses griefs profonds.

Et en faiteu Cristof, quand nous offriras-tu
dans ce blogueu divin, des pamphlets en quatrins ?
quand nous offriras-tu, nous lecteurs assidus
rimes croisées et autres vers en alexandrins ?

Anonyme a dit…

GRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR

C'est à cause
De la mononucléose.

Chris a dit…

Arrête, Nico, tu vas me faire rougir grand fou.
(oui en effet, les alexandrins me font rougir, c'est comme ça)

Et Max, que ta mauvaise foi t'étouffe.

Anonyme a dit…

Mwhahaha pour Max.
C'est énorme ... et même si la vie ne m'apprend rien à moi, elle aura appris quelque chose à max en ce soir là.

Anonyme a dit…

ah nous, qui avons frolé la mort ce 30 décembre 2005.

Comme la fois où nous avons frolé la mort dans la voiture de laurent le 28 juin 2003 dans la descente de Pragondran (d'ailleurs j'ai retrouvé l'endroit exact).