03 octobre 2005

Les cons

On a beaucoup exagéré les cons. Les pires horreurs ont été dites sur eux, parfois inspirées de faits réel, peut-être, mais des faits amplifiés, déformés dans le seul but de calomnier et de discréditer le con. Mais le con n'est pas si facile à cerner. Il échappe la plupart du temps à la caricature, pour mieux sauter dedans à pied joints quand il sent son heure venir. Il donne dans le subtil, le flûté dirais-je. En véritable artiste, il surprend le spectateur, le ballote, l'emporte au fil de son oeuvre de dentelle et de soie, toujours guidant mais jamais forçant. Voilà donc le con, amusant et attendrissant aussi. Tant mieux d'ailleurs, ne dit-on pas qu'on est tous le con d'un autre ?

Mais le sujet qui m'amène aujourd'hui est quelque peu différent. En un temps tourmenté, au crépuscule du monde, vivaient les premiers cons. Et la vie n'était pas rose pour eux. Dans ce monde naissant, rongé par d'acides pluies et des vents mauvais, la vie des cons était un combat de tous les instants. Des créatures vivant sur cette terre hostile, ils ne savaient pas grand chose. Quelques informations glanées à droite et à gauche bien sûr : la plupart des bestiaux avaient des becs, des griffes et des crocs énormes, en plus d'afficher un penchant certain pour l'étripage déchiquettation. Pas de quoi écrire un bouquin toutefois. C'est sans doute cette méconnaissance profonde du milieu qui permit l'enchaînement dramatique d'évènements que je m'en vais vous compter.
Une nuit noire et froide comme les autres, le village des cons dormait d'un sommeil profond. Aucun guet, aucune barrière, aucun fossé ou autre ne séparaient le village du monde hostile et inconnu à l'extérieur, mais dans un village de cons... Sous la clarté blafarde de la lune se mouvaient dans un silence relatif deux silhouettes massives, errant parmi les yourtes en peau de bouquetin. Deux orques. Ils flairaient l'air de leur groin, semblaient chercher quelque chose dans la pénombre. Un bruit mat, bientôt suivi d'un second virent troubler le silence. Puis plus rien. Ce n'est qu'au lendemain que la tribu réalisa l'horrible vérité : on avait enlevé le couple Dugland.
Par manque de chance, les Dugland ne furent pas dépecés par les orques. Ceux-ci agissaient en effet sous les ordres d'Evilos, le mal absolu. Les Dugland furent torturés longtemps, très longtemps. Une éternité. Ils perdirent toute humanité et tout souvenir de leur vie passée, leur âme corrompue à jamais. Ils furent ensuite élevés comme du bétail, se multipliant à foison pour constituer une armée qui aurait dû rentre Evilos maître de la Terre plein-Centrale. Pour l'anecdote, Evilos fût vaincu par un nabot alcoolique et boiteux. Mais la race créée subsista. Elle apprît à jouer du Tam-tam, à faire de la télé, et plein d'autres choses intéressantes. Ainsi étaient nés les gros cons.

Si le con fait dans le fil de soie, le gros con fait plutôt dans le câble d'amarrage, ou dans le hauban. Que ça passe ou pas, il s’en cogne, il élargit, il défonce, à la Neandertal. Et c’est avec ce genre de gros con que j’ai fait connaissance ce matin, par bruit interposé. En effet, à 2h30, poussé par une pulsion primale sans doute, notre gros con sort le Tam-tam (oui il faut suivre, j’ai dit qu’ils jouaient du Tam-tam). Bon, patience, ça va passer. Un lundi matin à 2h30, personne n’est con au point de faire du bruit comme dix en résidence bien longtemps. C’était sans compter le très haut niveau de…cette forme de vie. Surentraîné le gars, un vrai champion du monde. 35 minutes, qu’il a tenu. Moi aussi d’ailleurs, puisque quand la musique s’est arrêtée, j’étais dehors en pyjama pour essayer de localiser la source. La prochaine fois peut-être. Merci Evilos !

3 commentaires:

Anonyme a dit…

La narration de cette tranche de vie montre que certains en tiennent une couche.

Anonyme a dit…

Tant de réalisme ne peut venir que d'une proche fréquentation !

Anonyme a dit…

Pauvre petit !