Bonsoir, je n'ai absolument rien à dire. Mais je trouve cela tout à mon honneur, réflexion faite. Non pas bien sûr de n'avoir rien à dire sur rien ou de rester sur ma chaise d'un air amorphe en détaillant le rideau. Pas de quoi pavoiser pour cela, on est d'accord. C'est un large morceau de tissu, de bonne facture, rouge orangé, double épaisseur selon moi, mais j'avoue ne pas être expert même si je touche un peu. Rugueux au toucher justement. Coïncidence ?
Non, ce qui est tout à mon honneur, c'est de prévenir. Là où certains individus sans scrupules n’informent en effet le lecteur qu’à la fin du manque total d’intérêt de leur billet, au cas où celà aurait échappé à certains sans doute, je préfère prendre les devants, suivi de près par l’Honnêteté et la Droiture. Voilà, lecteur au singulier, je déploie donc la puissance de mon bras pour t’avertir du péril. Après, tu es libre comme l’enthalpie, pour autant que l’on puisse considérer le concept de liberté compatible avec le principe de causalité, mais trêve de banalités.
Vous aurez sans doute noté une insidieuse référence à la thermodynamique dans la phrase précédente, et bien vous en aura pris (oui maintenant je te vouvoie). Nous allons ci-devant parler de bilan énergétique.
Considérons un système isolé, sans amis. Il est posé dans la rue, tranquille. Soudain arrive une racaille.
« Hey gros, qu’est-ce tu fous sur cette cepla ? T’as cru que c’était trop la fête ou quoi ? »
« Vas-y zinc monte toi pas la tête, je suis en train d’être là c’est tout, total respect bâtard. »
Bien sûr cette dernière réplique n’est en réalité pas prononcée par le système, et n’est ajoutée que pour représenter le ressenti de la racaille. Les voitures ne parlent pas.
Quoi qu’il en soit, considérons maintenant le même système, de nouveau isolé, mais siège baquet cette fois d’une réaction exothermique. Le système brûle, fond, craque, et finit en tas de cendres fumantes, juste bon pour la casse. Le propriétaire du système, ayant tout perdu, s’apprête à faire jouer l’assurance. L’expert arrive, inspecte la carcasse, puis repart sans un mot. Une semaine plus tard, le résultat tombe : ils ne remboursent rien. Pourquoi donc ? Usure naturelle, prétendent-ils. La voiture a certes subi des pertes énergétiques importantes, mais celles-ci se sont uniquement faites par dissipation thermique, ce qui arrive tous les jours. « Le système n’a pas été correctement isolé » peut-on lire dans le rapport d’expert, « ou bien toute l’énergie aurait encore été présente. De plus, un mal pour un bien, l’entropie a, elle, augmenté de manière tout à fait satisfaisante.» Ce qu’oublient de dire ces rapaces, c’est que quand bien même toute l’énergie aurait-elle encore été présente, l’augmentation d’entropie aurait de toute façon interdit la reconstitution de la voiture sans aide extérieure. Quand on pense que malgré toutes ces voitures brûlées, le cours de l’action Renault baisse…enfin bon, la vie, c'est comme une boîte de chocolat , on ne sait jamais sur quoi on va tomber, et des fois on tombe sur des seringues pleines de sang, et on se dit que c'est quand même pas de bol.
Quoi qu’il en soit, c’est ainsi que notre racaille réalisa son rêve et devint un héros dans la cité : il avait niqué le système.
12 novembre 2005
Bilan énergétique
Publié par
Chris
à
01:50
2 commentaires:
Un regard précis, une analyse fine des phénomènes de société actuels. Chapeau bas.
"je déploie donc la puissance de mon bras"
Mwahahaha
Enregistrer un commentaire