13 novembre 2009
L'immortel solipsiste quantique
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10 novembre 2009
Bilan préliminaire
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04 novembre 2009
Révolution
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28 octobre 2009
Sélection de webcomics
Pas de long et tortueux billet aujourd'hui, simplement une liste de webcomic que je lis(ais) et que j'apprécie.
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15 octobre 2009
Intelligence artificielle, calcul et métaphore
Plusieurs lecteurs (lectrices en fait) se sont plaint de la longueur excessive de mes billets. Je leur dédie celui-ci.
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25 septembre 2009
Simplicité
J'ai la flemme d'essayer de la retrouver, mais je suis tombé récemment sur une citation dont voici une version approximative : "On ne devrait jamais chercher la solution d'un problème avant d'avoir atteint la certitude que l'on a examiné le problème de manière la plus pointue possible".
A première vue, il semble que cette phrase ne déparerait pas dans le répertoire de quelque manager de province généreux en buzzwords et de maximes prédigérées. Pourtant, cette phrase a résonné dans mon esprit, et m'a semblé recéler une vérité et une pertinence rafraîchissantes. Vous savez, ce sentiment que l'on a quand toutes les pièces d'un puzzle mental semblent soudain former un tout intelligible, quand le motif émerge ?
Le motif a émergé pour moi quelques jours après avoir entendu la phrase, comme une révélation à rebours. Je lisais à ce moment un livre traitant de la conscience et de la nature de ce que l'on appelle le "moi". Alors plongé, et même passablement embourbé dans les considérations complexes de l'auteur, je me suis soudain aperçu que les choses devenaient incroyablement plus simples si l'on se demandait simplement pourquoi l'on appelle quelque chose "une conscience", ou "un soi". Poser le problème clairement consistait en ce cas à dépasser la compréhension intuitive et plus ou moins vague du terme "conscience", et à la remplacer par une compréhension des raisons qui poussent à appeler une chose une conscience, par rapport au but recherché.
Le risque d'épiloguer sur l'usage d'un mot flou aux sens multiples est omniprésent en philosophie (surtout de comptoir), mais je pense que la méthode simple consistant à se faire une idée précise du problème et de son domaine précis d'application possède une utilité bien au-delà de la philosophie et de la métaphysique. C'est, après tout, l'un des fondements implicites de la méthode scientifique.
Ces considérations sont banales, mais j'ai l'impression que malgré moi je tends à les oublier et me laisse souvent piéger par la complexité, et je me surprends à débattre du sens ou de l'usage précis de mots ou concepts valise. Si ce billet ne devait servir qu'à une chose, ce serait de rappeler au moi futur qui lirait ce billet (ou toute autre entité intéressée) de ne pas perdre son temps avec des concepts flous. A chaque étape d'avancement vers une solution, dans quelque domaine que ce soit, il faut faire l'effort de se souvenir du but initial et du but final, du problème posé.
Qui a dit "ignosticism" ?
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13 août 2009
Maniaco-dépression
Il est des soirs où l'inspiration vient facilement, où les mots et les idées semblent se déverser et se tisser d'eux-mêmes et sans effort. Ce soir est l'un de ces soirs.
Je laisse mes mains courir sur le clavier, en profitant d'une de ces trop rares expériences pour produire ce billet, d'un jet, d'un trait et sans préméditation. Tous les soirs, pourtant, je ressens une capacité accrue à créer, à exprimer ce que je pense et ce que je ressens, mais rares sont les soirs où cette envie est suffisamment forte et dirigée pour me pousser à prendre la plume et concrétiser ce besoin plutôt que de l'étouffer, le remplacer par une activité de réception passive plus aisée mais moins gratifiante. Mais la création ne se limite pas à l'activité sociale, visible et palpable par autrui. Tous les soirs, mon esprit crée, invente, trouve de nouvelles idées et élabore des stratégies qui jamais, le matin, ne m'auraient effleuré l'esprit. Tous les soirs je suis un mister Hyde hyperactif à mon échelle, et tous les matins je me retransforme en un raisonnable et réservé docteur Jekyll, réévaluant les idées de la veille et les jetant pour la plupart aux oubliettes.
Mais ce changement de personnalité, instantané en apparence pour l'œil de la conscience, se reproduit à l'inverse et de façon lente et graduelle au fil de la journée. Je suis en continuelle et lente métamorphose psychique. Le soir est une période d'exubérance créatrice, de désinhibition, de facilité d'écriture et d'ouverture. A celle-ci s'oppose la phase matinale où les critiques mentales sont en plein éveil et inhibent le processus 'aventureux' de mon esprit. Les phases 'maniaques' et 'dépressives' s'alternent.
Mais ne t'inquiète pas pour moi, cher lecteur, je vais bien, du moins, tout aussi bien que toi. Car nous sommes tous, finalement, des maniaco-dépressifs en miniature. Dans le mens sana comme dans les autres se succèdent des phases créatrices, génératrices d'hypothèses, et des phases de critique qui viennent réduire le champ des hypothèses envisagées. Ces hypothèses peuvent concerner l'attitude à suivre envers votre voisin trop bruyant comme la façon de saisir un objet placé à proximité d'une main, et, si quelques unes de ces phases sont lentes et accessibles à la conscience, la plupart se déroulent sans même que l'on s'en rende compte. Comme un motif fractal répété de la plus petite décision possible jusqu'aux réflexions à tiroir sur le sens de la vie, ces cycles d'élargissement, puis de réduction du champ des possibles rythment le fonctionnement de l'esprit humain. La plupart de ces cycles sont invisibles à la conscience, qui ne s'embarrasse pas de tels détails, et seuls les cycles de plus haut niveau nous sont perceptibles.
La maniaco-dépression, selon cette théorie, ne serait pas une maladie résultant de l'apparition de 'mouvements d'esprit' contraires, mais plutôt de l'exacerbation de mécanismes existants et normalement utiles à l'esprit humain. Chez le maniaco-dépressif, la phase critique est exacerbée au point de ne voir de bon en aucune chose, quand la phase créatrice ne trouve, elle, au contraire, aucune limite. C'est en ce sens que j'ose, très chère lectrice ou très cher lecteur, te qualifier de "maniaco-dépressif en miniature", c'est-à-dire, finalement, d'esprit sain. J'espère que tu ne m'en voudras pas.
Quant à moi, je m'en vais maintenant retourner à mes pénates, et attendre un sommeil qui n'arrivera qu'après une longue effusion de pensées non dirigées, tout comme ce billet.
Bonne nuit.
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22 mars 2009
Konnichiwa
Konnichiwa, comme vous le savez je suis parti passer quelques mois au Japon, dans les environs de Tokyo. Cela fait bientôt trois semaines que j’y suis, mais je n’ai commencé à jouer au touriste qu’aujourd’hui.
Je me suis rendu à Yokomaha, la deuxième ville la plus peuplée du pays. Enfin bon, dans les environs de Tokyo, ‘ville’ n’est qu’une étiquette collée sur un morceau de mégapole géante, et durant mes 1h30 de trajet en train je n’ai rien vu d’autre que des bâtiments alentour, à perte de vue.Yokohama possède la plus haute tour Japonaise, la « landmark tower », qui mesure un peu moins de 300m. Pas vraiment impressionnant vue d’en dessous, en fait. En bas de l’image vous pouvez voir une passerelle piétonne, qui mène jusqu’à la tour. L’urbanisme Japonais utilise la troisième dimension de manière très poussée, pour optimiser les flux de circulation et la place disponible. La différence est vraiment frappante par rapport à Paris ou Pékin, où tout ou presque se passe au niveau du sol. Le résultat est agréable et efficace, l’on traverse rues et voies ferrées sans même être conscient de leur existence, guidé par des panneaux clairs et aidé par des escalators omniprésents.
La landmark tower vue de loin.
Vue de deux niveaux de circulation depuis une passerelle piétonne.
Yokohama est une ville portuaire, mais même la mer semble avoir été urbanisée ici. Pas d’embruns (ce jour là ?).
Une énorme tour de télécoms.
J’ai visité le Musée Mistubishi de la technologie et de l’industrie. Moyennement instructif, et pas très photogénique. Ici un modèle réduit de moteur de fusée japonaise.
Là, je vous laisse deviner ce que c’est.
Après le musée, je me rends à la landmark tower. Elle possède l’ascenceur le plus rapide du monde (ou en tout cas il l’était en 2004), certification du Guiness à l’appui. L’accélération est pourtant très douce dans l’ascenseur, pas de sensation d’organes internes déplacés, pas de jambes qui ploient sous l’effort, c’est sans même s’en apercevoir que nous atteignons les 45km/h de vitesse de déplacement vertical. A cette allure, les étages défilent à une allure ahurissante, et en un clin d’œil nous atteignons le 69ème, à 274m de hauteur.
D’ici nous surplombons largement tous les immeubles alentour, pourtant de hauteur respectable.
Pas vraiment le meilleur jour pour la vue panoramique. Par beau temps, on voit le mont Fuji paraît-il.En croisant les doigts pour que le big one choisisse un autre jour pour détruire Tokyo.
274 mètres. Bien mais pas top.
Un mystérieux « I love peace » à côté du musée d’art que je n’ai pas eu le temps de visiter.
Oui, cette tour de télécom est obèse.
Les Japonais aiment les escalators.
Et les Pokémons.
Et oui, ceci est un magasin dédié aux Pokémon uniquement.
Parfois, les transports en communs sont bondés. Souvent, non. Je trouve toujours une place assise pour me rendre au labo.
China town de Yokohama, pour changer. C’est un peu comme la Chine, mais en plus exubérant, cher, et propre (après, il paraît que ça ressemble à Shanghai, je ne peux pas confirmer ou infirmer).
China town se résume à un restaurant Chinois à l’échelle d’un quartier. On n’y trouve absolument rien d’autre. Mais c’est joli.
Un temple dédié au Dieu des affaires. A comparer à sa version française, la rue Montgallet.
Une diseuse de bonne aventure lit les lignes de la main. Comme quoi finalement il n’y a pas que des restaurants.
Je voulais photographier le gros bâtiment de style chinois au bout de la rue, mais c’est ici que mon appareil photo et mes talents photographiques jettent l’éponge.
Et pour conclure, une vidéo d’une invention géniale typiquement Japonaise : le distributeur automatique de voiture.
Bon voilà j'ai bloggé, mais on ne m'y reprendra pas de si tôt, du moins pas pour poster des photos, ça prend trop de temps. La prochaine fois, je mettrai les commentaires direct sur mon picasa (dont l'adresse a changé).
Sayonara.
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02 mars 2009
Croyance et preuve
Pour meubler un peu en attendant que j'aie fini de mettre en forme mon paper/de déménager au Japon, je vous propose un extrait d'une discussion tenue il y a peu.
Après relecture, je me dis que je m'avance quand même un tantinet sur certains points, mais si ça peut faire réagir ce n'est pas plus mal.
Tout est parti d'une phrase, "on ne peut pas prouver l'inexistence d'une chose". La suite est de moi.
Donc reprenons du début.
Ce qui m'a fait réagir, c'est la phrase "on ne peut pas prouver l'inexistence d'une chose, c'est une impossibilité logique".
J'ai réagi parce que c'était loin d'être la première fois que je lisais cette phrase, que j'avais pris le temps de réfléchir à son sujet, et que j'en avais conclu qu'elle était fausse, pas marginalement fausse, mais totalement. Elle me semble totalement fausse car elle me semble relever d’une mécompréhension de ce que signifie ‘prouver quelque chose’ en science. Avoue que si c’est le cas, le problème ne relève pas vraiment du pinaillage. Surtout quand il te mène à des conclusions qui me semblent également fausses, du genre « la science ne peut se prononcer sur l’existence de fantômes ». Si un raisonnement faux mène à des conclusions fausses, ne mérite-t-il pas qu’on en discute ?
Cette phrase, disais-je donc, est un classique, on la retrouve dans chaque discussion sur Dieu, le paranormal, les pseudosciences, souvent utilisée par « l’autre camp ». Elle arrange bien les ‘croyants’ au sens large comme les ‘agnostiques’, car elle fournit un statu quo, l’incertitude dans lequel chacun voit ce qu’il veut.
Alors oui, bien sûr, j’en ai saisi l’idée. Pour prouver l’inexistence d’une ‘chose’, il faut vérifier que cette chose n’existe nulle part, n’a jamais existé et n’existera jamais. Il suffit, au contraire, pour prouver l’existence d’une chose, d’en exhiber un exemplaire.
Vu comme cela, la preuve de l’inexistence d’une ‘chose’ semble en effet bien impossible.
Mais le problème, ici, me semble résider dans la notion de preuve. Il est trivial, en effet, de dire, que l’inexistence d’une chose ne peut être logiquement établie (logiquement au sens de logique philosophique ou mathématique, pas de sens commun). Mais il est tout aussi trivial de dire que l’existence d’une chose ne peut être logiquement établie. La Vérité est après tout inaccessible, nous sommes tributaires de nos sens, du fonctionnement de notre esprit, etc…
Descartes objecterait que l’existence d’un « soi » peut être logiquement établie, mais un « soi » seul ne signifie rien, seul ses relations à d’autres concepts et objets le définissent, et ces relations sont à jamais hors de portée de la preuve logique.
Non, nous ne parlons ici pas de preuve logique. Nous parlons de preuve scientifique. La preuve scientifique est subjective, faillible, sujette aux erreurs de mesure, de raisonnement, d’évaluation, au manque de données, etc… La preuve scientifique n’est pas un absolu mais un outil fiable, incroyablement fiable même.
C’est de ce genre de preuve là que nous parlons. Nous sommes, après tout, en train de discuter de ce que la science peut dire, et ce pour quoi elle ne propose pas de réponse.
Alors, pour quelle raison la « preuve de l’inexistence de quelque chose » est-elle impossible ? La preuve scientifique de l’existence d’une chose est certainement possible, je pense que tu ne me contrediras pas là-dessus. Pourtant cette ‘preuve’ n’est jamais une certitude, comme les opposants à la science aiment à le rappeler. La preuve scientifique de l’existence d’une chose est une « bonne raison de penser que les choses se passent comme si » cette chose existait. Plus cette raison est bonne, plus elle est confirmée, plus la confiance en l’existence d’une dite chose est solide.
Je me doute bien que tu sais tout ça, mais je ne l’écris pas sans raison. Pour aller plus loin, il va falloir définir un peu de quoi on parle, quand on parle de chose.
Une chose, toute chose, ne se caractérise que par la façon dont elle est liée à d’autres. Une chose est décrite par ses propriétés, et les propriétés, si elles sont suffisamment nombreuses, peuvent déterminer cette chose d’une manière unique.
Prouver l’existence d’une chose, c’est prouver l’existence d’un ensemble de propriétés organisées selon un certain « motif ». Prouver l’inexistence d’une chose, c’est prouver qu’un ensemble de propriétés ne peuvent être organisées suivant un certain autre motif.
Je comprends tout à fait ce que tu veux dire, quand tu dis qu’exhiber un certain nombre d’objets, aussi grand soit-il, ne vérifiant pas lesdites propriétés, ne prouve pas que les propriétés en question ne peuvent être retrouvées. C’est juste, c’est, comme tu le fais remarquer, évident, et je suis bien d’accord avec toi. Mais tout ce que cela montre, c’est qu’il n’est pas possible de prouver l’inexistence d’une chose comme l’on peut en prouver l’existence, en l’exhibant.
Il nous faut de nouveaux outils pour aller plus loin, des outils plus puissants que l’itération, permettant d’exclure l’existence d’un ensemble de propriétés. Heureusement, ces outils existent. Ils existent sous la forme de postulats, ce qui veut dire qu’aucune Vérité, aucune certitude logique ne peut en être dérivée. Mais d’un point de vue scientifique, ces outils se sont révélés fiables, et donc valides en tant qu’outil de preuve scientifique, parce qu’ils sont cohérents avec le monde physique observé.
Ces outils, ce sont les lois physiques universelles. Une loi physique universelle est quelque chose de profond et de mystérieux pour moi. C’est un pont entre le monde perçu et les mathématiques humaines, et son existence impose des contraintes cohérentes avec un certain formalisme à l’univers observé. Une loi physique, à partir d’observations itératives, construit une généralisation de ces observations. Elle fixe des contraintes sur les propriétés que les choses peuvent avoir, mais aussi, de manière duale, sur celles qu’aucune chose ne peut avoir.
La loi physique en dit autant sur l’inexistence éventuelle d’objets que le formalisme qui y est associé, et tu n’ignores pas qu’en maths il est très souvent possible, quoi que pas toujours, de prouver l’inexistence de telle ou telle chose.
Ce à quoi je veux en venir, c’est que cette correspondance entre formalisme et réalité permet à la science de statuer sur l’existence ou l’inexistence d’objets indifféremment , et que la séparation entre « preuve de l’existence » et « preuve de l’inexistence » n’a de ce fait pas lieu d’être.
Alors, pour en revenir à un exemple que tu évoquais, puis-je prouver qu’il n’existe pas d’arbre qui parle ? Je pense que oui. Il existe un grand nombre de raisons pour lesquels un arbre ne peut pas parler.
La parole nécessite le mouvement rapide de parties mobiles. Les végétaux ne disposent pas de parties mobiles à mouvement rapides.
L’usage de la parole implique l’existence de structures nerveuses dont les arbres ne sont pas dotés.
Etc…
Chacune de ces affirmations est une « proposition sur le monde », pas une certitude. Il se pourrait que je me trompe, et qu’il existe des arbres qui parlent. Selon comment on définit la parole, on peut même dire qu’il en existe.
Mais en science, peu importe la certitude. Une connaissance scientifique n’est pas une certitude, mais une proposition jugée fiable de manière subjective. Les propositions utilisées pour ma démonstration sont fiables dans le sens où elles sont en accord avec l’expérience, un accord tellement bon que l’extrapolation semble raisonnable.
La science a son mot à dire au sujet des arbres parlants. Pour un scientifique, les arbres parlants n’existent pas, et ses raisons de le croire sont bien plus fiables que ses raisons de croire que des paires de particules/antiparticules apparaissent spontanément dans le vide.
Il n’y a donc pas pour moi une différence de nature entre preuve de l’existence et preuve de l’inexistence, mais une différence de degré. Le processus d’extrapolation à partir de données parcellaires, puis d’exclusion formelle de l’existence d’une certaine combinaison de propriétés est éminemment moins fiable que le processus de vérification expérimental, c’est un fait, et quand il s’agit de problèmes complexes il est souvent infaisable d’exclure la possibilité d’apparition d’un phénomène. Pas parce que cette exclusion est logiquement impossible, non, mais parce que cette exclusion serait sujette à une telle incertitude qu’elle serait inutilisable.
Le problème n’est donc pas la question, mais la façon d’arriver à la réponse. Note que ce problème n’est en rien exclusif aux propositions portant sur l’ « inexistence d’une chose », mais limite de manière générale notre capacité à apporter des réponses aux propositions portant sur des systèmes complexes.
Heureusement, il est souvent possible d’emprunter d’autres chemins de preuves afin d’arriver à nos fins. La science ne peut peut-être pas attaquer de manière frontale le problème de l’existence des fantômes, trop vaguement définis, mais elle peut biaiser. La psychologie et les sciences cognitives nous apportent des éléments pour juger de la probabilité qu’une interprétation anthropocentrée d’un évènement inhabituel soit générée par l’esprit humain. La physique et la médecine nous apportent des éléments de réponse sur le fonctionnement du corps et de l’esprit humain, et d’exclure la possibilité d’une séparation entre corps et esprit.
Bref, la science est loin d’être sans armes face à ce genre de question, peu importe que celle-ci porte sur l’inexistence d’une chose ou non.
L’impossibilité logique de l’existence de fantômes n’est certes pas prouvable, mais la science, c'est-à-dire l’ensemble des connaissances et techniques cohérentes avec l’observation du réel, a tranché depuis longtemps. Pour autant que la notion de preuve ait un sens, la science a prouvé que les fantômes n’existaient pas, à moins de réviser sérieusement la notion de fantôme.
De même pour Dieu. La science n’est pas agnostique, contrairement à ce que beaucoup voudraient croire. Dieu, tel qu’il est défini par les grandes religions, est une proposition physique sur le monde dont les effets sont vérifiables. Si cette proposition est déconnectée de la réalité, si la croyance en Dieu s’explique sans Dieu, si la genèse des religions est expliquée de façon scientifique, alors la science assigne une probabilité de véracité à la question « Dieu tel que décrit par les grandes religions existe-t-il ? », et cette probabilité est basse.
Seule la version non-réfutable de Dieu, le Déisme selon Spinoza, échappe à la science, par définition.
Bref, pour moi, l’affirmation selon laquelle la science ne peut statuer sur l’inexistence d’une chose est non fondée. Elle n’est pas seulement imprécise, mais relève d’une mauvaise compréhension du concept de preuve ou de la science elle-même, et mène à dire de grosses bêtises.
Oui, la science a son mot à dire sur l’existence des fantômes, sur Dieu, sur les licornes roses invisibles (contrairement à ce que je t’ai répondu un peu vite sur le topic). Pourquoi ? Parce que la science n’est pas un simple catalogue des choses qui ont le bonheur d’exister. La science, c’est un outil permettant d’assigner une probabilité à toute proposition reliée au monde réel d’une façon ou d’une autre. Elle statue donc sur toutes les propriétés, et ne se retire de la partie que quand il n’y a plus de propriétés à vérifier (et donc plus de sens).
La science est extrêmement faillible bien sûr, elle l’a prouvée nombre de fois, mais la science n’est jamais qu’un outil qu’il nous est loisible d’adapter à notre subjectivité.
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18 février 2009
Bon vieux temps
Imaginez un bébé mignon, un bébé qui vous regarde avec ses grands yeux humides en gazouillant. Vous l’avez bien en tête, oui ? Bien. Et maintenant imaginez mon poing à mi enfoncé dans son crâne mou, son petit corps sans vie se refroidissant déjà dans son berceau maculé de sang. Je l’ai fait. Je suis un monstre.
Le bébé, c’est mon après-midi productive. Mon poing dans son crâne, c’est le temps perdu à surfer sur le web plutôt que travailler. Ma métaphore horrible, c’est l’introduction absolument dénuée de bon goût de ce billet.
Blague rituelles sur les bébés morts mise à part, quelle, allez-vous me demander, oui quelle portion de cette grande suite de tubes qu’est l’Interouaibe aurait donc réussi à attirer ton attention, Ô respecté auteur de ce blog s’il en est (et il en est, j’ai vérifié deux fois) ? Et la réponse est édifiante. Pendant cette demi-journée, morte dans des souffrances atroces et après moult convulsions et autres gargouillements, j’ai lu mon blog. Mon propre blog.
Et j’ai aimé. Fausse comme vraie modesties mises à part, j’ai vraiment apprécié la lecture de la plupart de mes billets, ce qui à première vue de nez n’était pas gagné. Les gens changent, le goût et l’humour se transforment. Mais je dois dire que, presque cinq ans après mon premier billet, mon blog a dans l’ensemble passé, à mes yeux infaillibles, le test du temps. Je me propose de me féliciter, j’accepte, félicitations, merci moi aussi.
Pour enchaîner sur mon questionnement existentiel d’il y a peu, je pense aujourd’hui pouvoir dire que je sais pourquoi je blogge. Je blogge pour faire passer au futur moi du bon temps à relire ses conneries écrites et oubliées depuis. Personne n’a, après tout, un sens de l’humour aussi proche du mien ou autant d’expériences et d’idées en commun avec moi que le futur moi. Personne n’est à même d’apprécier mes billets autant que lui. Futur moi, si tu me lis, tu es un mec génial, surtout ne change rien, c’est comme ça qu’on t’aime. J’ai dit que tu étais un mec génial ? On ne le dit jamais assez.
J’aimerais aussi remercier mon ancien moi pour avoir pris le temps de laisser traîner des petits morceaux de sa vie, de ses pensées, de ses traits d’humour – excellents, soit dit en toute objectivité – toutes ces petites choses qui m’ont ramené de bons souvenirs en tête, m’ont fait rire comme un con dans mon laboratoire saturé de Chinois, et m’on fait penser « ah oui c’est vrai, je pensais ça à l’époque ». Comme un album photo qui capture les pensées, mon blog m’a fait rentrer dans la peau un peu plus boutonneuse de mon ancien moi, et pour cela, ancien moi, je te remercie, même si j’éprouve un irrépressible sentiment de supériorité envers toi. Je ne te félicite pas trop, cependant, pour le lent mais régulier déclin dans ton rythme de publication, vile feignasse. Etant en tout point meilleur que toi, je vais bien entendu redresser la barre, mais regarde dans quel état tu m’as laissé tout ça. Hein ? Hein ? T’es fier de toi ? Ah pardon, j’ai oublié, tu ne peux pas répondre, tu es mort.
Marvin Minsky, dans son dernier livre, ‘The Emotion Machine’, nous explique en quoi nous sommes un tas de cons de croire à l’illusion de continuité du ‘soi’ construit par l’esprit humain. « Pauvres couillons », écrit Minsky, « en quelques moi seulement quasiment toutes les molécules de votre corps on été changées. Qu’est-ce qui vous fait dire, bande d’attardés de mes deux, que vous restez les même ? Regardez-moi ce ramassis d’abrutis, pas un pour rattraper l’autre, allez vous me faites tous chier, je me casse [bruit de porte claquée très fort]. » Et comme il a raison !
Non seulement l’ancien et le futur moi n’ont matériellement quasiment rien en commun avec le moi actuel, mais même leur esprit, ce que beaucoup appelleraient leur vrai ‘moi’, a lui aussi changé radicalement. Des souvenirs ont été oubliés, d’autres se sont ajoutés. De nouvelles idées ont remplacé les anciennes, de nouvelles compétence ont été apprises et d’autres désapprises. Le moi d’il y a quatre ans est un ami proche. Le moi de mon adolescence est une vague connaissance, celui de mon enfance, un étranger, un peu plus mort chaque jour.
« Mais alors, Chris » - me demanderez-vous – « pourquoi es-tu si généreux avec le toi futur, au point même de passer des heures à écrire des choses pour son divertissement. Ok, c’est un gars génial, mais toi aussi tu es un gars génial, passe donc du temps pour toi ! » C’est vrai que j’en passe, du temps, à pouponner ce moi du futur. Etudes, sport, apprentissages fastidieux en tout genre, économies, plans pour l’avenir, il n’y en a quasiment que pour lui. Et pourquoi ? Hein ? Vous voulez savoir pourquoi ? Et bien vous l’avez dit, c’est parce que moi aussi, je suis un gars génial. Je donne, je donne, sans compter, et le sourire de mon moi futur suffit à me faire oublier ma peine. Je suis un généreux par nature.
Mais si je blogge pour moi, je blogge aussi pour le reste du monde, bien sûr. Toi qui me lis, l’anonyme, le sans grade, sache que qui que tu sois, quel que soit ton nom, et qu’importe le nombre de fonctionnaires dans ta famille, je pense à toi au moment même où tu lis ces lignes, et je t’aime comme plus personne ne t’aimera jamais. Jamais. Toi aussi tu es une fille ou un mec génial, et tu le resteras aussi longtemps que tu liras ce blog. Je te fais de gros bisous et espère que tu aimes lire ce blog comme j’aimerai le lire plus tard, à mes petits-enfants en mimant bien les passages à base de meurtre de nourrissons.
Onctueusement,
Chris
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05 février 2009
Déjà-vu récursif
Yo dawgs, je viens d'avoir une impression de déjà-vu récursive: j'avais l'impression d'avoir déjà eu l'impression de déjà-vu que j'étais en train d'avoir.
C'est fou non ?
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Chris
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30 janvier 2009
La croyance
La croyance occupe une place centrale dans le fonctionnement de l'esprit humain. Mais que signifie croire ? Est-il bon ou non de croire ? En fonction de quels critères ?
Voilà comment mon billet sur la croyance aurait commencé. Il aurait été vachement bien, avec des morceaux de sciences cognitives, d'intelligence artificielle et de linguistique dedans, et il aurait été tellement convaincant que Louis serait immédiatement devenu un irréductible athée. Et puis je me suis rendu compte qu'en fait, je n'avais pas, mais alors pas du tout envie de l'écrire et que je préférais aller sur youtube et regarder des vidéos de bulldozers fous blindés détruisant des entrepôts. Dois-je avoir honte de moi ? Ne manquez pas mon billet sur la honte ! Pour vous faire patienter, voici une photo au hasard prise sur le net (au HASARD ? vraiment ?).
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28 janvier 2009
Bon goût
J'ai utilisé tout mon noir dans Paint à faire cette BD. Attention, c'est très très noir. (cliquez pour agrandir)Désolé.
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25 janvier 2009
Futilité
Je me souviens de l’impression que j’avais ressentie après avoir passé mon bac, il y a quelques années de cela. J’avais l’impression de comprendre le monde, d’avoir enfin percé ses derniers mystères en maîtrisant l’intégration et les nombres complexes, les lois de Newton, Ohm, Ampère et tous ces cadavres célèbres. J’avais aussi appris, seul, à dompter l’outil informatique et je défragmentais des disques durs en créant des casses-briques en Visual Basic, j’éditais la base de registre et j’ouvrais des fichiers de 50mo avec le bloc notes. Rien ne m’arrêtait.
Il restait certes quelques menus détails à régler, et malgré mon étude détaillée des schémas de Science et Vie, je n’avais pas saisi toutes les subtilités du modèle standard ou de la théorie des cordes. Je maîtrisais la dialectique et j’avais étudié le cogito, certes, mais je m’avouais humblement qu’il existait peut-être quelques questions philosophiques auxquelles je n’avais pas encore de réponse. Rien de très important, sûrement.
Je ne dirais pas que mes certitudes se sont écroulées par la suite. Je les ai, pour la plupart, raffinées. J’ai ajouté des exceptions là où je ne voyais auparavant qu’une loi générale, j’en ai dérivée de lois d’inférence plus précises, je me suis accordé à des théories de plus en plus complexes. Et surtout, j’ai drastiquement réévalué la capacité de mes processus mentaux à modéliser correctement le monde. Ce qui signifie que j’ai ajusté le modèle que j’avais de moi-même.
Là où certains verraient de l’humilité, je vois du réalisme. Le modèle que j’avais de moi-même, c'est-à-dire l’outil que j’utilisais pour évaluer ma capacité à interagir avec le monde, s’est révélé incorrect, et je l’ai ajusté. Je n’ai pas appris à être humble, mais à faire correspondre à la réalité une simplification nouvelle et plus juste représentant mon propre fonctionnement. L’humilité est sociale et reflète l’image, non pas que l’on a de nous, mais que l’on souhaite paraître avoir de nous aux yeux des autres.
Où je veux en venir avec tout ça ? Et bien, je pense que tout ceci est lié à la rareté de mes billets. Je ne peux m’empêcher de me demander, avant chaque billet, quel intérêt il aura. Se pourrait-il que j’expose une idée nouvelle ? Se pourrait-il que je ne dise pas n’importe quoi, malgré mon ignorance extrême ? A quoi bon me lire, quand on peut lire des gens plus intelligents que moi ayant consacré leur vie à développer et valider des idées certainement plus novatrices et plus justes que les miennes ? Ou des auteurs autrement plus doués et ayant consacrées des dizaines d’années à développer des univers imaginaires beaucoup plus cohérents et riches que celui de mes petites histoires ? Voilà le genre de question contre lesquelles je dois me battre avant de poster chaque billet.
Se pourrait-il que Laurent ait raison, et que finalement une grosse connerie ne vaille pas moins qu’un autre billet d’être posté ? Un blog, c’est aussi un moyen de garder contact, de discuter sans prétendre à l’expertise. C’est même, pour la plupart des blogs, la seule raison valable d’exister. Alors, le blog comme extension virtuelle au salon où l’on se pose pour discuter sans prétention entre amis ? Est-ce un prétexte suffisant à son existence ?
Publié par
Chris
à
07:19
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