Les aller-retours que j'ai effectués pour aller au boulot, ou juste pour le sport, sur piste cyclable, m'ont procuré une immense expérience que je souhaite faire partager au plus grand nombre, et donc aux millions de lecteurs potentiels de ce blog, et ce dans une recherche constante d'amélioration du bonheur de l'humanité.
Précisons que je parle d'une piste cyclable quasi-plate, les plus grande "pentes" ne devant pas excéder 5% sur 30 m, et en partie urbaine (ça a son importance).
Taxonomie : la faune sur piste cyclable
On peut trouver diverses espèces plus ou moins vivantes sur piste cyclable. Serpents, lapins, chats, chiens, moucherons, moustiques, c'est un vrai bonheur. Si la piste est en plus situé à coté d'une route, il se peut qu'on trouve des spécimens à monter soi-même, ayant en général gagné en surface ce qu'ils on perdu en volume (à une constante multplicative homogène à une dioptrie bien sûr, par souci d'homogènéité de l'expression). Les guèpes, bourdons et autres sont aussi souvent de la partie. Toutefois, pour rencontrer ces derniers, il faut rouler à une vitesse suffisante pour qu'ils décident que vous rentrer dans la face (dans l'oeil si ils visent bien) fera assez mal.
Cet inventaire ne serait toutefois pas complet sans l'espèce la plus représentée : le cycliste. Sur ce genre de piste cyclable, on trouve vraiment de tout, du pépé allant acheter ses courgettes au vrai cycliste en apnée à 50km/h.
La majorité des cyclistes que j'ai pu observer se rapprochait du premier exemple, mais il faut dire que c'est vraiment l'espèce la plus facile à observer. Ses représentants roulent typiquement sur un vélo de ville gris avec porte bagage, garde boue et phares de série. Ils ont tendance à rouler en zig-zag du fait de leur faible vitesse, et à ne pas essayer de suivre les gens qui les dépassent.
Autre espèce un tantinet plus rapide mais facile tout de même à observer , le vieux cycliste sur le retour en impose tout d'abord par la taille de ses mollets. Pesant en moyenne 12.3 kg l'un, les mollets du vieux cycliste, trop lourds, sont paradoxalement un désavantage, leur poids trop important empêchant un pédallage rapide. Il ne faut ainsi pas se laisser impressionner par le maillot "Mère picon" ou "Zan" arboré, le vieux cycliste reste faisable.
Plus redoutable et surtout très inhomogène, l'espèce "jeune sur VTT" est à surveiller de près. Celle-ci est très fourbe, et n'hésite pas à mettre en application les tactiques décrites plus loin. Mais faisons d'abord le point sur les disparités reignant au sein de ce groupe. Un vélo rigide topbike violet (le mien quoi) ou équivalent ? Le jeune est sans doute en train d'effectuer un trajet utilitaire, ce qui ne veut pas forcémment dire qu'il est attaquable sans risque. En effet son trajet étant probablement court, il peut se permettre de mettre pas mal de forces dans la bataille rien que pour le plaisir de gagner une pseudo-course sur 2 km. Un vélo à fourche, ou, pire, tout suspendu de type carrefour à 150 € ? Si le jeune possède un sac, c'est probablement une évolution du type I. Sinon, il s'agit sûrement d'un cycliste du dimanche, faisant un petit tour pour le plaisir. Raison de plus s'il en était pour essayer de lui gacher son trajet en essayant de le distancer avec une humiliation maximale. Méfiance, cette sous-espèce est la plus encline à utiliser les techniques fourbes de navigation sur piste cyclable exposées plus bas. Le plus prudent est donc de les prendre par surprise et du'iliser soi-même ces techniques.
Enfin la dernière espèce rencontrable est le cycliste à vélo de route. Là encore, grosses disparités, mais il faut en règle générale se méfier de ceux-là. Tshirt et short ? Ca reste faisable, mais méfiance. Maillot AG2R ? Alors là je dis attention. Attention, oui, car il y a de grandes chances de se faire littérallement déposer, atomiser, amollir, briser. Une seule solution alors : faire celui qui s'emmerde à rouler super lentement, mais qui ne fait que se ballader. Vous garderez ainsi un peu de dignité. Bien sûr l'habit ne fait pas le moine, et vous pourrez tout de même trouver dans cette catégorie quelques proies accessibles. Dépassez-les alors à fond, de préférence avec un air de s'emmerder comme pas possible pour atteindre le maximum local de la fonction humiliation.
Après cette succinte ébauche de taxonomie de la faune piste-cycleuse, intéressons-nous plus particulièrement aux stratégies à appliquer pour survivre dans ce milieu hostile.
Les bases : le leeching
Leeching : de leech, "carnivorous or bloodsucking aquatic or terrestrial worms typically having a sucker at each end", une sangsue quoi. Il s'agit en effet d'exploiter au maximum l'énergie des autres, en dépensant au minimum la sienne. Pour cela rien de plus simple, il suffit de se coller à la roue arrière de la proie, et de profiter de son aspiration. L'effort est vraiment beaucoup moins important derrière, ce qui permet de parasiter même légèrement plus fort que soi. Mais concrêtement, comment leecher ? Il y a en gros 3 façons d'accrocher un généreux tracteur.
1) La fourbe : il s'agit de rouler suffisament lentement pour pouvoir se faire doubler par une proie dont la vitesse vous conviendra. Après vous avoir doublé, avec un sentiment de mépris profond pour cette larve qui se traîne, la proie aura l'heureuse surprise de vous voir littérallement collé à sa roue.
2) La valeureuse : si le hasard vous place non loins derrière un tracteur potentiel roulant à plus ou moins la même vitesse que vous, il va falloir faire l'effort. Une petite accélération, et vous voilà dans sa roue où vous pourrez vous reposer.
3) La chanceuse : un mec débarque juste devant vous à un croisement, ou vous le rejoignez à un passage à niveau, etc... n'hésitez pas, leechez.
Voyons maintenant les possibles difficultés posées par le leeching : la résistance désespérée de la proie tout d'abord. Si vous envisagez un accrochage de type 2, la proie peut éventuellement décider de résister avant même la mise en place du leeching. Vous avez un avantage, vous le voyez, lui non ou très peu. S'il est trop rapide, tant pis, mais s'il reste faisable, allez-y gaiement, l'opération restera de toute façon rentable. Une fois la proie accrochée, celle-ci essaiera de toute façon, par instinct, de vous larguer dans 75% des cas. Mais une fois bien en place, c'est vraiment très dur pour elle. Si la proie vous échappe, alors elle était vraiment trop forte. Sinon c'est bien, ça permet de rouler plus vite avec un effort normal, et éventuellement de fatiguer la proie en vue d'une mise à mort.
Une fois toute futile vélléité de résistance réprimée, reste un danger : la visibilité. Si le leeching est bien fait, vous êtes collé à la roue, et n'avez donc ni visibilité sur la route ni délai pour freiner en cas de freinage devant. Il faut donc rester attentif et dans tous les cas mettre les roues sur la même trajectoire que la proie, tout en surveillant les freinages.
Etre leeché
Maintenant que vous connaissez la technique de leeching, vous devez être conscient qu'elle risque un jour de vous être appliquée. Deux choix sont alors possibles : laisser faire ou tenter de résister. La deuxième solution est, de loin, la plus tentante. Pourtant elle ne semble pas très judicieuse, à moins d'être vraiment sûr de soi. Si le leecher souffle comme un phoque, ou qu'il semble peu aguerri, la chose peut se tenter, mais elle reste toujours très risquée. En effet le leecher a toujours beaucoup moins d'énergie à déployer derrière, et il faut donc pour le déventouser produire un effort conséquent. La meilleure stratégie me semble de le prendre par surprise, en démarrant inopinément un petit sprint des familles. Quelques mêtres suffisent à supprimer l'avantage, pour pouvoir lutter à armes égales. Mais si le leecher arrive à suivre et à recoller, vous aurez tout perdu. Crime d'hubris dirait Platon. Le leecher peut alors se réinstaller, un sourire au coin, dans sa bulle, et attendre son heure pour vous distancer. La meilleure solution pour un leeché me semble donc être de ne pas accélérer, et de faire celui qui s'en fout.
Après, on peut éventuellement tenter le leech-switch, en freinant assez pour que le leecher vous passe, puis en le raccrochant. Les plus tatillons appelleront ça un relais.
Bon bien sûr le vélo, c'est avant tout du plaisir, moi je ne fais pas la course blablabla : de vraies paroles de loser.
29 juillet 2005
L'art de rouler sur une piste cyclable
Publié par
Chris
à
20:21
1 commentaire:
Tu as oublié de parler des hérissons ! C'est rapide un hérisson ! Surtout s'il est accroché à une spontex à son tour accrochée à un vélo.
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