29 avril 2006

Le choc des titans

Le mec se retourne avant que je ne le dépasse. Il marche lentement, style racaille. Ma taille environ, mais plus massif. Passant à coté de lui, je vois qu’il me dévisage. Je lui rends son regard, méfiant. Un fou ? Un mec louche ? Bof, je suis parano. Nos regards se sont croisés, rien de plus. La résidence est là, à 50m. Un groupe marche, dans l’autre sens. Je pourrais leur demander de l’aide, au cas où. De l’aide ? Contre quoi ? Un mec qui marche ? Coup d’œil furtif à l’arrière : l’écart est stable. Stable ? Je marchais trois fois plus vite que lui, tout à l’heure. Effet d’optique, imagination débridée. Mes sacs de courses surchargés me ralentissent. La porte est là, j’entre rapidement. Allez, passe ton chemin, connard. Il entre. Maudites portes, trop lourdes pour se refermer rapidement. Un résident, rien de plus. J’ouvre la deuxième porte du sas, il me talonne. Bifurcation soudaine à la boîte aux lettres, il continue direction l’ascenseur. Bien. Rien dans la boîte, je repars. Escaliers, donc. Adieu machin.
« Euh, excuse moi, t’aurais pas un truc pour passer un coup de fil mec ? »
Aïe, ça se précise. J’ai mon portable sur moi, bien sûr. Mon baladeur mp3, aussi. Ma carte bleue, du liquide, des papiers, ma vie…
« Ah non, j’ai pas de portable, désolé. A plus…
- Euh, c’est quoi que t’écoutes ? »
Les écouteurs sur les oreilles…impossible de cacher ça. Et merde.
« Euh là c’est du Renaud, tu sais, c’est pas l’homme qui prend la mer… »
Evidemment, il ne sait pas. Quelque chose me dit que le mec n’est pas très chanson française. Il se rapproche, le con.
« Je peux écouter ? »
J’ai envie de lui hurler d’aller chier. Mais bon, si ça peut me débarrasser du type… et puis mes écouteurs sont pourris. Nous nous faisons face, lui avec mes écouteurs sur la tête. Le baladeur n’a pas bougé de ma poche.
« Vas-y, zappe s’il te plaît. »
Vas chier, s’il te plaît ? Bof, je ne pense pas qu’il puisse aimer quoi que ce soit de ma playlist en fait. Avec un peu de chance, je le ferai fuir sans me battre. La vie des pingouins, remix sans paroles. Génial.
« Fais voir c’est quoi ton baladeur.
- Non. Tu sais, c’est un vieux truc, je l’ai acheté y’a 3 ans. »
Il insiste. Après réflexion l’aspect massif et antique de mon vieil archos le rebutera peut-être. Je lui montre rapidement.
« Refais voir, s’il te plaît »
Echec. La solution du ‘gros débile à la recherche d’amis’ est désormais définitivement écartée. Le type en veut à mon baladeur, et deux solutions se posent maintenant à moi. Céder à ses demandes une à une en espérant le faire dégager jusqu’à me faire avoir, ou accepter le conflit. Nos visages à 20 cm l’un de l’autre, il ne me fait pas vraiment peur en fait. Va pour le conflit.
« Non, pas question. Bon, rends moi ça, je me casse.»
J’essaie de lui enlever les écouteurs, il résiste. Difficile de me rappeler précisément l’enchaînement d’action qui s’ensuit, mais, une chose est sûre, je me retrouve bientôt avec le bras passé autour de son cou tandis qui s’agrippe aux écouteurs. Impossible de tirer dessus, ils sont bien trop fragiles.
Je suis tout de même allé un peu loin, je ne veux pas me battre tant qu’il peut y avoir une autre issue, lui non plus apparemment. Je le relâche.
« Rends moi ça.
- C’est bon, qu’est-ce que tu me fais, là. Fais moi juste voir ton baladeur. »
Ai-je vraiment l’air aussi con ?

Personne dans les couloirs évidemment. Murphy dans toute sa splendeur. Dans ce duel, j’ai tout à perdre et rien à gagner. Comment m’en sortir sans douleur ? Chargeons le module de ‘parler racaille’.
« C’est bon, là, je t’ai dit non. Pourquoi tu cherches le problème ? On est là, tranquille, et toi tu viens et tu cherches le problème ? Vas-y, calme toi, rends moi ça et on sera tranquille.
- Fais voir ton baladeur. »
Echec, même dans son langage, je parle à un mur. Tentative de prise des écouteurs par surprise, nouvel échec. Il tire sur le fil dans l’espoir de faire venir le baladeur sans doute, mais celui-ci est du genre lourd. Il a maintenant les écouteurs dans les mains. Que faire ? S’en tirer avec des écouteurs volés ? Vu la qualité de ces derniers, la perte pourrait être acceptable, mais je m’y refuse. Il ne sera pas dit que je me sois fait dépouiller sans lutter du moindre centime.
Et là, je fais un truc stupide. Je sors le baladeur de la poche, histoire d’appâter l’animal et de pouvoir lui enlever les écouteurs sans problème. Il tend la main, je lui arrache les écouteurs de la tête. Génial, Christophe. Juste un détail auquel je n’avais pas pensé…J’ai maintenant une main prise par les écouteurs, une autre par le baladeur, et lui deux mains libres. Il me prend le baladeur. Génial, Christophe. Génial. Je me libère une main en glissant les écouteurs dans la poche, et tente de lui reprendre la chose. Impossible, bien sûr, sans s’engager dans quelque chose de plus méchant.

Je m’étais toujours dit que dans ce genre de cas, je n’hésiterai pas à mettre un bon coup de genou dans les valseuses de l’agresseur, et même de le finir un peu au pied si ça ne suffisait pas, mais quand on en vient à devoir le faire vraiment, les certitudes s’écroulent. Même si l’agresseur ne semble pas être un maître du kung-fu, loin de là. Même s’il offre à mon genou une fenêtre de tir énorme, même s’il ne prend même pas la peine de se défendre et même s’il le mérite de plus en plus, suis-je vraiment le genre de type qui blesse des gens consciemment ? Apparemment, non. Il faudra qu’il donne le premier coup.

Aussitôt l’objet de sa convoitise saisi, l’insecte se met ostensiblement en devoir de quitter la résidence, luttant toujours pour conserver mon baladeur dans la main. Gagne petit, le minable. Il arrive à la première porte. Il pousse, rien. Evidemment, il faut appuyer sur un interrupteur pour ouvrir le sas. Et évidemment, je me suis placé entre l’objet en question et le voleur. Il commence à vouloir m’impressionner.
« Putain mais tu m’as arraché la boucle d’oreille en m’agrippant, je vais te faire ta fête. Franchement, laisse moi sortir, je veux juste aller dehors, lâche moi ou je te démonte. »
Il aboie, mais ne mord pas. Je ne suis pas sûr qu’il se sot battu une seule fois de sa vie. Réalisant qu’il ne sortirait pas sans lutte acharnée, mon adversaire change de stratégie. Direction les escaliers. Dans quel but ? Mystère. Il n’y a pas d’autre sortie. Mais qu’importe, je ne le laisserai pas disparaître de ma vue avec mon baladeur, et je ne peux pas abandonner mes sacs de course posés dans l’entrée. Opération immobilisation, donc. Alors que nous luttons en bas de la cage d’escaliers, nous pouvons entendre des pas en approche. Je bloque la sortie, il est pris au piège. Je prie pour que l’individu mystère soit du genre costaud.

La fille qui descendait ses poubelles a dû être un peu surprise, en voyant ce qui l’attendait en bas de l’escalier. Une fille de l’école, je la connais de vue. C'est toujours ça.
« Salut. Ce mec essaie de me voler mon baladeur, tu peux appeler un peu d’aide s’il te plaît ?
- Hein ? »
Et là, le plus drôle.
« Mais non, j’essaie pas de le voler. Regarde, ce mec a cassé mes écouteurs, alors je lui prends son baladeur, c’est tout. »
Et là, l’ennemi sort de sa poche un lecteur mp3, puis un deuxième, et enfin des écouteurs avec un fil arraché. Bonjour, je suis crédible.
La fille ne sait pas trop quoi faire, je ne peux pas trop lui en vouloir, même si bien sûr elle sait qui ment. Tandis qu’il plaide sa cause perdue, je profite d’un instant d’inattention pour lui arracher mon bien des mains. Il n’a plus rien à moi, tout va bien. Un mec plutôt massif passe à ce moment là dans le hall. Jésus, Allah, Bouddha je vous aime tous !
« Salut, tu peux m’aider s’il te plaît ? Ce mec essaie de me voler. »
Le type hésite, il doit de demander si c’est une blague. Mais peu importe, commençant à se sentir en grosse minorité, l’ersatz de pâle copie de racaille à la petite semaine commence à opérer une prudente retraite vers la porte. Il me lâche quand même un « la prochaine fois je vais pas te louper » avant de prendre ses jambes à son cou, et tout est bien qui finit bien.

J’en suis finalement quitte pour un petit coup de stress, mais cette petite aventure m’aura tout de même appris plusieurs choses.
Tout d’abord, qu’il faut envoyer balader sans hésitation les mecs louches.
Ca paraît évident bien sûr, mais autant y être préparé, car dans le feu de l’action, on n’a pas beaucoup de temps pour penser. Ne pas présenter la moindre faille. Si le mec comprend qu’il devra se battre rien que pouvoir toucher vos écouteurs, il y réfléchira peut-être à deux fois, alors que si vous jouez le type sympa, vous prendrez des risques inutiles. J’ai vraiment été débile sur le coup.
Appris qu’il faut lutter, ensuite. Le mec n’était clairement pas enclin à se battre pour ‘gagner’ sa croûte, alors pas question de lui rendre la vie facile, pas question de jouer le faible. Idéalement, il aurait fallu lui faire comprendre dès le début que le prix à payer était trop élevé pour lui, même pour de simples écouteurs. Quand ce fait est devenu clair à ses yeux, il était déjà allé trop loin, seconde erreur de ma part.
Et enfin, j’ai appris que frapper quelqu’un, aussi facile que ce fût techniquement, est très loin d’être anodin. Même au mec qui essaie de vous voler ce baladeur à 300€ payé de votre poche, le casse-noisette paraît trop violent pour être acceptable. Et, au final, j’ai bien fait. Je n’ai eu besoin d’envoyer personne à l’hôpital pour m’en sortir sans dommages, sans rien d’autre qu’une petite lutte somme toute gentillette. J’ai fait le bon choix.
Mais un bon point sur trois, c’est faible, et j’ai eu beaucoup de chance que mon agresseur ait été aussi débutant que moi ou presque dans le domaine.
En espérant faire mieux la prochaine fois…

25 avril 2006

Etre kissman

Etre kissman, c'est quoi ? Comment devient-on kissman ? Le naît-on ?
Ma foi, je ne sais pas. La kissmanitude échappe à la définition en intension.
Mais une chose est sûre, endive et moi sommes devenus ultra kissman après avoir co-écrit la nouvelle suivante.
Enfin, peut-être le deviendrez-vous aussi un jour, à votre tour. Ne perdez pas espoir.



Max terminait quelque tâche l'ayant encore retenu au laboratoire jusqu'à des heures déraisonnables quand il crût entendre un bruit étrange au dehors. Il rangea le robot sur lequel il avait une fois de plus lutté, éteignit son ordinateur portable et ramassa ses livres. Dans l'encre de cette nuit tiède, il distingua une fine silhouette depuis la fenêtre où l'avait porté sa curiosité. Une fille, de toute évidence, assise seule sur un banc devant la piscine de Supaero. Le fait que cette fille se trouvât dans l'enceinte de l'école n'avait rien de surprenant alors même que la soirée Supaero/Infirmières battait encore son plein sous l'ancien RU de l'école, ses échos lointains s'en venant mourir dans l'obscurité. La fille semblait gémir.

Sorti du labo, Max suivit le couloir jusqu'aux escaliers qui donnaient sur l'extérieur du bâtiment pour se diriger vers la piscine. Sans trop savoir pourquoi, il dirigeait ses pas vers l'inconnue, dont les traits se faisaient plus précis. Les coudes sur les genoux, le visage dans les mains, de longs sanglots parcouraient son frêle corps. Elle pleurait. La connaissait-il ? La question traversa son esprit. Elle ne l'avait pas encore vu.

"Cécile ?" tenta Max dans un murmure. Voilà deux ans que Max n'avait plus revu Cécile, mais jamais il n'avait oublié ce visage. Cécile Grimal. La plus jolie des filles à qui il ait jamais donné des cours de maths, soudain ressurgie du passé. Elle devait être en deuxième année d'école d'infirmières, maintenant. Tandis qu'il la fixait, elle s'arrêta de sangloter, s'essuya le nez sur la manche de sa veste et le regarda, un peu étonnée.
"Oui ?
- Je suis désolé, je ne pense pas que tu me reconnais, mais..." commença Max.
"Bien sûr que je te reconnais, Maxime. Maxime Nguyan. Tu m'avais donné des cours de maths sur l'algèbre de Clifford, il y a deux ans", dit elle en reniflant.
"Euh, oui, c'est vrai." bégaya Max, qui devenait tout rouge tant il était nerveux.
"Eh ben... Je... J'étais... Je me demandais si tu allais bien?"
"Comme tu vois, pas vraiment..." dit Cécile.
"Mon copain, Nicolas Hanuy vient de me lâcher pour un certain Sébastien Surd"

En entendant le second nom, Max crut s'étouffer. Seb Surd? Un mec? Comment était-ce possible? Le monde était-il en train de devenir gay ? Il s'assit à gauche de Cécile sans un bruit. Tout deux restèrent silencieux de longues minutes. Beaucoup de choses se passaient dans la tête de Max, torrent de souvenirs jaillissant d’un passé pas si lointain, émotions qu’il aurait cru depuis long enterrées. Cécile avait été son élève pendant une vingtaine d'heure, un trimestre. La plus charmante de ses élèves, et de loin, pensa-t-il. Cependant, il s’était à l'époque tenu de ne jamais la regarder autrement que comme une élève, professionnalisme oblige. De toute façon, elle était bien trop jolie pour lui et populaire pour lui.

Max était un garçon plutôt solitaire, et préférait volontiers le calme des labos le soir à la folie des fêtes étudiantes, et en cette heure où il aurait dû profiter d’un repos amplement mérité, voilà qu’il se tenait aux cotés de cette fille dans la pénombre, goûtant le silence. Il n’aurait voulu être nulle part ailleurs.
"Je suis contente que tu m'aies trouvée tu sais. Etre seule dans une pareille situation, y'a pas pire" lui chuchota-t-elle au bout d’un moment.
Etre là, voilà tout ce qu’il avait à faire.

"J'ai froid" dit-elle peu après. Sans réfléchir, Max tendit son bras droit et la serra contre lui. Il ne savait même pas pourquoi il avait agit ainsi. Il aurait pu lui proposer sa veste, mais son geste lui avait paru naturel. Il n’avait peut-être partagé avec cette fille que quelques minutes en l’espace de deux ans, pourtant Max se sentait étrangement bien à ses cotés. Elle était blottie contre lui, il se dit qu'elle sentait bon. Les minutes s’écoulèrent sans même qu’il ne les voit. Le bras engourdi, il bougea un peu, et Cécile se replaça. Elle tendit son bras droit sur le torse de max et se plaqua un peu plus contre lui la tête sur son épaule droite. Il sentait maintenant le sein gauche de Cécile s'appuyer sur son torse et ses longs cheveux bruns lui caresser la joue. Si belle, si fragile. Il aurait voulu que ce moment ne se termine jamais.

Vrombissement de moteur en furie, crissement de pneus dans le rond point. Un chauffard dévalait l’avenue Edouard Belin en trombes, troublant ce si doux silence. Cécile sursauta.

"C'est qui ce fou? Mince il est déja 3 heures!"

3 heures. Max n'en revenait pas. Il ne comprenait pas comment le temps avait pu passer aussi vite dans les bras de Cécile.

"Je devrais rentrer chez moi, j'ai une grosse journée demain et puis avec tout ce qui s'est passé aujourd'hui, je suis morte"

Maudit chauffard ! Pourquoi fallait-il que ces précieux instants prennent fin si rapidement, se demanda Max, un goût amer dans la bouche.

"Ecoute Max, ça me dérange de te demander ça après ce que tu viens de faire ce soir, mais je devais rentrer ce soir avec Nico et là... Enfin je veux dire, je dois marcher le long du canal un bon moment et ça m'embête d'être toute seule, enfin tu vois... Ca te dérangerait de me ramener?"

Bien sûr que non. Tout ce qu'il voulait, c'était que Cécile habitât le plus loin possible pour passer encore un peu de temps avec elle. Il la suivit vers le portillon canal. Là, ils croisèrent Laurent Tuc, un des meilleurs amis de Max. Complètement rond, il essayait avec Christophe Abrettaz de monter les marches donnant sur le canal avec leurs vélos. La soirée avait été arrosée.

Sur le canal, Cécile et Max prirent à gauche et marchèrent un long moment. Max connaissait bien ce coin, il venait souvent y courir avec Louis Paigeant, un autre de ses bons amis. Le temps s’égrenait lentement tandis qu’il longeaient la berge, sans mot dire. Seul le clapotis de l’eau venait troubler leur silence, silence paisible, sans gêne. Pour Max, l’expérience était nouvelle. Jamais avec ses précédentes petites amies n’avait-il ressenti le silence de la sorte. D’ordinaire, il aurait, par quelque remarque futile ou quelque sifflotement cherché à briser ce mur de silence, mais ici, point de mur, le silence était lien. La main de Cécile cherchait quelque chose, Max restait dans l’expectative. Voulait-elle… ? Coupant à toute tergiversation, Cécile s’arrêta, et mît franchement sa main dans celle de Max. Elle prenait les devant. Max n’était pas sûr de comprendre ce qu’il se passait. Il y a quelques heures encore, elle était la copine de Nico Hanuy, et à peine célibataire, elle le tenait déjà par la main. Il essaya de se convaincre qu'elle était troublée, et que ce geste ne signifiait rien… même s'il ne le refusait pas.

Ils débouchèrent enfin devant sa résidence, sur le pas de la porte. Elle rompit le silence.

"Bon et bien on est arrivé. Ca m'a vraiment fait très plaisir de passer cette soirée pourrie avec toi, enfin tu vois ce que je veux dire par pourrie... avant quoi..."
- Oh tu sais, c'est normal euh...
- J'espère qu'on pourra se revoir avant que dans 2 ans... T'as un stylo?"

Max qui sortait du labo en tira un de la sacoche fourre-tout de son ordinateur portable.

"Euh il est rouge, ça ira?"
Pourquoi diable lui demandait-elle un stylo ? Elle lui sourit et, pour la première fois de la soirée, ils se regardèrent dans les yeux. Les yeux de Cécile étaient marrons. Quand elle souriait de petites rides se dessinaient sur leurs bords. Elle avait le regard rieur. Max était sous le charme. Avant qu’il n’ait compris ce qui se passait, elle lui avait saisi le bras et avait commencé à écrire son numéro de téléphone dessus.

"J'espère que tu m'appelleras vite, j'ai très envie de te revoir. Je me sens bien à tes cotés."

Elle rendit le stylo à Max et se pencha vers lui pour l'embrasser. Max dirigeait sa bouche vers la joue gauche de Cécile mais celle ci tourna brusquement la tête et ils s'embrassèrent sur les lèvres. L’esprit de Max se vida. Elle fit jouer ses mains dans ses cheveux, le monde s’effondrait autour d’eux, le temps n’existait plus. Il apposa avec douceur ses mains sur sa fine taille, afin de serrer son corps contre le sien. Elle noua ses bras autour de son cou. Max sentait la chaleur ce corps collé au sien, ces lèvres sur les siennes, ces seins pressés sur sa poitrine, mais tout se fondait dans le grand vide de son esprit en perdition. Combien de temps restèrent-ils ainsi ? Max aurait été incapable de le dire. Deux minutes peut-être, ou bien deux heures.

3h45, il lui fallait s’en retourner chez lui. La nuit serait courte. Il sécherait probablement l'amphi d'optique du lendemain matin, mais qu’importaient ces futilités maintenant ? Il ne pouvait pas s’empêcher de sourire.

19 avril 2006

Agent orange

Un champignon qui marche, parmi ces vertes collines ? Tuons le, pour le spore. Je déterre le poireau le plus proche, et lui balance à la figure de toutes mes forces. Le sang gicle de toutes parts, et quelques râles d’agonie plus tard, la bête est terrassée. Le 352ème aujourd’hui, quand même. Coïncidence ? Je ne crois pas, non. Il est temps d’aller déterrer le poireau de guerre.

Je saute dans le tuyau le plus proche, direction la zone de téléportation. Quand je ressors, ‘elle’ est déjà là, un rictus malfaisant sur la face. Le temps se fige, nous nous observons.
« Vous !
- Vous. Vous n’auriez jamais dû revenir, ce monde est trop petit pour nous deux. Préparez vous à découvrir de nouveaux horizons de douleurs avant qu’une douce mort ne vienne vous délivrer. Je vais prendre du plaisir à vous voir mourir, mister Bros. Attention, derrière vous ! »
Le coup était bien vu, et c’est de justesse que j’évite de me retourner. Une vraie vicieuse, cette tortue, mais mes réflexes de vieux baroudeurs sont aussi affûtés qu’une lame de rasoir dans la bouche de bébé. Bien m’en prend, car à peine ses derniers mots prononcés, mon ennemie a déjà commencé à lancer marteau sur marteau, à une vitesse folle. Comme sortis de nulle part, ils se rapprochent toujours plus de ma position. Il faut réagir, vite. Passer à travers le flux de marteaux ? Trop risqué. Attendre ? En restant immobile, je cours à ma perte. Mon sort semble scellé.

Mais soudain, ma tortue d’ennemie commet une erreur, une erreur mortellement fatale en termes de létalité. En sautant sur place, elle marque une légère pause entre deux lancers. Il ne m’en fallait pas plus. Profitant de cette soudaine ouverture dans le flux martellique, je traverse, et déjà la peur se dessine sur le visage de mon adversaire. Elle se tient en hauteur, sur un rocher flottant, c’est presque trop facile me dis-je. Arrivé à son niveau, je défonce d’un coup de crâne le rocher, le résultat est immédiat. La tortue folle est littéralement déchiquetée par le choc, le sang vole de toutes parts, les boyaux tapissent les murs. Quand ce qu’il en reste retombe à terre, elle n’est encore pas tout à fait morte. Une coriace. Je m’approche du cadavre en devenir.
« Tu sais…j’ai toujours…voulu te dire… ». Crac. Crac, crac. Crac. Ses os cassent comme du petit bois sous mes coups de talon frénétiques. Ce qu’elle voulait me dire ? Certainement rien d’important, me dis-je. Ce soir, c’est soupe à la tortue crue pour tout le monde.

Il y a quelque chose de pourri dans ce monde. Que faisait cette tortue ici ? Et tous ces champignons géants ? Et ces serpents de sable cracheurs de billes mortelles ? Ils essayaient de couvrir quelque chose de plus gros, c’est sûr. L’atmosphère se fait plus épaisse au fil de ma progression, le chemin jonché de cadavres et les murs maculés de sang et d’inscriptions sataniques. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé par ici, mais ça ne ressemble pas à un pique-nique des Télétubies, me dis-je en brisant le cou de la dernière autruche psychopathe suceuse de sang du secteur. Quelqu’un doit avoir créé un portail de téléportation vers l’enfer à l’aide d’une flûte enchanté ou quelque chose dans ce goût là. En tout cas ça semble logique.

Ca tombe bien d’ailleurs, j’ai justement trouvé une flûte enchantée dans une trappe de maintenance bien cachée. Autant l’essayer tout de suite. A peine la première note est-elle jouée que la mini-tornade m’emporte, pour me déposer dans la zone de téléportation, comme prévu. Et comme sus-précédemment sus-déduit, un tuyau téléporteur de la zone a été modifié pour permettre une connexion bidirectionnelle avec l’enfer. Classique, me dis-je. Allons donc détruire le chef de l’enfer. Je me taperais bien une pizza ensuite, mais chaque chose en son temps et les champignons de l’enfer seront bien gardés.

Incroyable coup de chance, le tuyau téléporteur me mène directement aux pieds du chef de l’enfer, que je reconnais en la personne d’Orangeos, l’abominable opérateur. Pas de niveaux à traverser, d’ennemis intermédiaires, rien. Coïncidence ? Je ne crois pas, non. La choucroute cosmique est à l’œuvre.
« Toi ! » me lance Orangeos de sa voix de stentor.
« Oui, moi. Et toi ?
- Oui, aussi.
- Bien.
- Ca me va.
- Et comment.
- Tu l’as dit.
- Je vois qu’on est d’accord.
- T’aimerais bien.
- Que tu crois. »
C’est plus que je ne peux encaisser, je démarre la tronçonneuse. Mais le ladre avait prévu le coup, et déjà il amorce son attaque abonnement-non-sollicité-à-un-service-de-news-par-sms-bien-profond. Il est rapide, le bougre. Par deux fois, il me touche. Le choc est rude, je passe en mode nain. Il me faut frapper tout de suite. Par chance, croyant m’avoir tué, mon ennemi infernal s’en est déjà retourné pour s’affaler sur un canapé et regarder TF1 en mangeant des chips. Il semble un tantinet surpris quand je commence à le dépecer, mais la chose ne dure pas. J’orne une dernière fois les murs et ma moustache de petits bouts d’os et de chairs sanguinolentes, puis c’est la chute dans le vide, la remise du sceptre à la princesse et l’arrivée de l’équipe d’intervention des forces spéciales, qui se marièrent et eurent beaucoup d’enfants.


Après relecture, il semblerait que j’aie quelque peu mélangé mes fiches concernant mes récentes péripéties avec un certain opérateur téléphonique, mes fiches sur super mario bros et celles sur doom 3. Toutes mes excuses au lecteur. C’est ma faute.

09 avril 2006

Bonusque

Parce qu'un blog, ce n'est pas que du texte, voilà une petite image trafiquée avec virtuosité par mes soins, et que vous pourrez retrouver si tout va bien dans l'article pour le club badminton (rédigé par mes soins aussi d'ailleurs) de la prochaine plaquette alpha Télécom.
Mon secret ? Un talent incroyable, tout simplement.

La grande épopée - Chapitre premier

Préface, par Mgr Gédéon XIIbis Junior

« Mes biens chers frères, mes biens chères sœurs. Si nous sommes réunis aujourd’hui, c’est pour célébrer, dans la joie et l’amour de la paix et de la félicité éternelle de la trinité apostolique en concile exceptionnel à injection directe, le retour du bloggeur prodigue, car oui, il nous est revenu. Lui qui jadis emplissait nos cœurs d’une immense joie, lui qui hier encore n’était plus que souvenir déjà à demi voilé par les brumes inexorables de l’oubli, le voilà de nouveau parmi nous, et avec un mot d’excuse en plus. Alors, que la fête commence, éclatons nous comme des bêtes ! Lecture du livre d’Isaïe aux Corinthiens, tome 12 section 5 chapitre 3 verset 56 alinéa 37bis paragraphes 127 à 168 inclus… »

Post-préface

Approchez, gamins, que je vous conte une histoire à glacer le sang. Venez écouter l’épopée extraordinaire d’un héros hors du commun, un dur à cuire comme on n’en fait plus, foi de morue. Je m’en souviens comme si on je l’avais inventée hier…
C’est un des ces jours comme tous les autres, et une de ces heures auxquelles les honnêtes gens ont depuis long déserté les venelles jouxtant le vieux port. Ses pas résonnent dans l’obscurité, seule troublée par un rai de lumière pâle. Aux coups sourds répondent les cliquetis d’un vieux métal, et la porte est ouverte. Dans la taverne crasseuse, la clientèle est du genre qu’on préfère généralement éviter, faces balafrées, regards torves et oreilles traînantes. Les tablées s’épient et discourent à mots couverts dans cette atmosphère enfumée, main sur la chope. Shrimp attend dans le coin sombre, comme convenu. Une haute silhouette traverse la salle sans s’inquiéter des regards pesant sur elle. Shrimp n’a toujours pas levé le nez de son verre.
« BOUH !! »
Les poignards jaillissent dans les mains de Shrimp tandis qu’en un éclair il bondit de son siège et commence à lancer son cri…
« Yaahhharghuyuyuyugloubaaayouyouuuuu… Poui-Poui ? Ah mon salaud tu m’as fait une de ces peurs ! Un peu plus et je finissais mon cri qui tue tout en te plongeant mes poignards dans divers organes plus ou moins vitaux ! Ah tu m’as bien eu mon vieux, y’a pas à dire, t’es impayable comme mec !
- Merci Shrimp, moi aussi ça me fait plaisir que tu me voies. Mais parlons affaires. »
L’attitude de Shrimp se fait plus tendue, ses regards balaient la salle tandis qu’il glisse sous table une enveloppe dont Poui-Poui se saisit discrètement.
« Et bien sûr, si on te demande…
- …tu n’étais pas là, je ne te connais pas, tu n’as jamais existé et le simple fait de mentionner que quelqu’un puisse imaginer un seul instant qu’on puisse émettre l’hypothèse que l’éventualité inverse puisse être simplement non moins que totalement improbable est parfaitement ridicule et guignolesque au plus au point, tellement risible même que si je n’étais pas un truand endurci ayant perdu la faculté de rire à quatre ans et trois mois quand un animateur du club mickey héroïnomane en manque m’a forcé à regarder mes parents se faire torturer et déchiqueter au coupe ongle sous mes yeux avant de me forcer à manger les morceaux, je rirais à gorge déployée et jusqu’à ne plus pouvoir contrôler ma vessie à la moindre évocation du fait.
- En résumé, oui. A la vie, à la mort, Poui-Poui.
- Force et honneur, Shrimp.
- Dextérité et fougue, Poui-Poui.
- Rectitude et bravoure, Shrimp.
- Ambidextrie et synergie, Poui-Poui.
- Triskaïdékaphobie et nyctalopie, Shrimp.
- Merci.
- A la prochaine. »
Et aïe donc, les deux comparses se fondent rapidement dans l’encre de cette nuit sans lune.
Voilà comment notre héros récupéra la précieuse enveloppe, celle-là même qui lui permettrait plus tard de ranger de manière compacte plusieurs documents au format A4 ou moins. Restait encore à trouver les documents, mais ça, ma foi, c’est une autre histoire…

02 avril 2006

Une fois n'est pas coutume...

Je n'ai pas vraiment l'habitude de faire des blagues sur les blondes, ou des blagues tout court d'ailleurs, mais celle-ci est vraiment hilarante :-D