24 novembre 2006

Je suis complètement débile

Puisque c'est la mode des billets en forme de BDs moches...

Histoire vraie, bien sûr. D'ailleurs je connais toujours pas le prénom de mon colloc, mais c'est moins grave.
Suicidez moi.

06 novembre 2006

Procrastination

Parce qu’il n’y a rien de plus beau que de voir Max avoir tort, parce que je le vaux bien, parce que tout vaut mieux que de travailler, parce que c’est mon choix. Voici un billet en vrac.

Au commencement, tout était beau, tout était vide. Puis la matière fût. Puis moi.
Au commencement de ma conscience, tout était beau, et vide. Puis le monde fût, et avec lui, les farfadets.
Dans ces temps anciens et tumultueux, les farfadets régnaient en maîtres absolus et tyranniques sur ce monde nouveau, répandant terreur et sérieux parmi la populasse, opprimant les faibles, fouettant les mous, réprimant les falsificateurs. Leurs armes s’appelaient menace, morale, et intérêt. Ils en usaient, et abusaient, à tel point que nulle voix n’osait même à mots couverts remettre en question leur suprême autorité. Mais déjà il était né le sauveur, engendré du vide, enfant du néant, et lui qui les détruirait les farfadets n’en soupçonnèrent jusqu’au moment dernier jamais l’existence.
Procrastinatorak était son nom – du sang polonais probablement. Chassé par les siens, êtres de lumière, en raison de son affection trop prononcée pour la dive bouteille (ce qui soit dit en passant renforce la thèse polonaise), Procrastinatorak erra durant des éons dans l’infini de l’univers. Puis réalisa que construire un robot de combat était probablement la décision la plus logique à prendre. De fil en aiguille, Procrastinatorak en vint à l’idée d’aller exterminer les farfadets rigoristes à l’aide de son robot géant de combat (car oui le robot était géant). La bataille fut sans merci, mais à la fin, il n’en restait qu’un. Décapitant ses ennemis maléfiques, Procrastinatorak en absorba l’énergie sous forme d’éclairs tandis qu’un épais brouillard envahissait les lieux et qu’il hurlait à la mort comme le voulait la coutume en de telles occasions. Le monde était sauvé.

Mais bien sûr le monde n’était pas sauvé. Dans un éclat de lumière aveuglante, les corps des farfadets décapités fusionnèrent pour ne former plus qu’un farfadet-géant à tête de pieuvre, conformément aux lois et décrets en vigueur, à l’époque.

« Procrastinatorak , tu es un robot mort.
- Toi-même. »

La lutte s’engagea, terrible et magnifique. Feinte de corps, crochet, petit pont. Coups puissants, esquives en tous sens, tirs de missiles, taquets sur l’oreille. Les adversaires se jaugent, se testent. Jolie tentative de chat-bite de la part de Procrastinatorak , le farfadet géant se perche, le statu quo est parfait. Mais alors arrive Boursouflodzilla.

Boursouflodzilla, monstruosité engendrée par la folie des hommes. Innocente amibe radioactivement dilatée par l’explosion d’un vaisseau mère en antarctique, elle revient, et elle n’est pas contente.
D’un coup de dents, elle arrache la tête de pieuvre du farfadet géant, et absorbe à son tour son énergie en gargouillant à la mort dans le brouillard. Procrastinatorak en profite pour défragmenter sa mémoire vive et mettre à jour son antivirus.

« Procrastinatorak , c’est entre toi et moi. Ce sera sans pitié, ce sera violent et brutal, j’ai même envie de dire sauvage. Je t’ai toujours détesté, tu es tout ce que je méprise le plus au monde, tu n’es pas invité à mon anniversaire, et je vais prendre plaisir à te voir mourir dans d’atroces souffrances.
- Voyons, c’est stupide, soyons amis.
- Ok. »

Tout ça pour ne pas réviser…

02 novembre 2006

Soyez monstrueux

Que celui qui n’a jamais rêvé être monstrueux me jette le premier gravier, car sous vous yeux ébahis, devant votre bouche écarquillée et derrière le bouclier de l’humour brandi, je vais, pour vous, céans, devenir un véritable monstre.
Tuons les tous, le père noël reconnaîtra les siens.

« Hey mais qui voilà ! Si c’est pas mon colocataire préféré, mon nouveau meilleur ami de toujours ! Comment ça va…machin ? Alors, toujours petit et débile ? Bof, tu sais, c’est rien, des semelles compensées et il n’y paraîtra plus. Ca te dérange pas si je chante pendant que tu dors ? Non ? Mais articule, je comprends pas, c’est quoi cet accent, regarde moi quand je te parle, C’EST QUOI CET ACCENT ? Moi pas comprendre toi. Allez, on va prendre ça pour un non, bon je te retiens pas plus longtemps, j’aimerais bien pouvoir discuter avec toi mais j’ai pas envie.

Eh bah tiens justement, quand on ne parle pas du loup ! Voilà ma femme de ménage préférée, oui, ‘ni rao’ à toi aussi, servante. Alors, quoi de neuf dans ta vie ? Comment ça rien ? Mais si voyons, creuse un peu, tu vas bien trouver un truc, je sais pas, 10 centimes trouvés par terre, un lit que tu aurais moins raté que les autres en le faisant, fais un effort, Germaine, quoi, je peux pas tout faire pour toi, ta vie n'est quand même pas si vide que ça, hein ? Ah au fait, on pourrait croire que je te parle pour le plaisir, mais non, en fait ma douche fuit pour la 15ème fois de l’année, alors tu seras gentille Martine de m’appeler un vrai plombier cette fois, et que ça saute.
Oui, oui, c’est une fuite, tu vois, il y a de l’eau, qui coule, mais je t’en prie Pétassine essaie donc de fermer les robinets, j’y avais vraiment pas pensé avant de t’appeler. Bon, je compte sur toi, je peux ? Allez bises ma grosse, je te laisse, je suis presque en retard pour les cours. »

« Hey bonjour professeur, ça roule ? Je me mets au fond, ça vous dérange pas ? - c’est pour mieux dormir entre les pauses. Eh, mais vous êtes enceinte, félicitations ! Non ? Toujours pas depuis hier ? J’aurais juré pourtant… vraiment pas, c’est sûr ? Sûre à 100% ? Allez, vous me faites marcher ! Non ? Hey les autres, on dirait pas qu’elle est enceinte, sérieusement ? Bon, bah vous voyez, on a le droit de se poser la question quand même, on est dans un pays lib… dans un pays, quoi. »

Bon, qui je choisis comme voisin de sieste, le débile ou la moche ? Allez hop plouf-plouf, le sort en a décidé, ce sera le débile, ça tombe bien d’ailleurs, ça faisait bien cinq minutes que je ne m’étais pas senti supérieur à un truc, j’étais un peu en manque.

« Comment ça va débilos ? Alors, toujours Népalais et con ? Toujours écrivain de romans sur la culture népalaise, et con ? Toujours joueur de tam-tam, et con ?

Toujours pas enceinte, madame ? »

Ce qu’il y a de bien chez mon voisin, c’est qu’entre ses vociférations de pougnasse assoiffée de reconnaissance professorale, parfois, il y a des silences. Que souvent, il comble en se la sentant comme un porc.

« Tu vois, moi, avoir écrit beaucoup romans, 9, beaucoup de sous moi avoir fait. 37,8 milliards de Giga-roupies (soit 12,3 centimes d’euros). Moi avoir 3 maisons dans népal, je être très fort en chanson népalaise, je responsable éducation ministère népal, beaucoup professeurs sous ordres moi.
- Ouais t'auras une médaille. Bon, tu vois, Jean-Pierre, j’ai dessiné une petite face humaine sur ma main à l’aide d’un porte-mine 0.5mm à mine HB. Alors maintenant t’es gentil, tu parles à ma main et tu me fous la paix, je préfère m’écouter penser que de gâcher ne serait-ce qu’une calorie de plus à essayer de décrypter les sons en provenance de ton orifice buccal. Allez bonne nuit. »

« Hey, t’as appris la nouvelle, un Russe est mort en traversant un passage piéton !
- Bon dieu, c’est pas croyable, vraiment des tarés du volant ces jaunes. La prochaine fois ça pourrait être grave. »
Bon allez, poubelle la nourriture non civilisée, je me prendrai un sandwich. Qu’est-ce que j’y peux, moi, s’ils n’ont toujours pas été foutus d’inventer les couverts, ou l’alphabet ? Il s’agirait d’évoluer, un peu, hein, fini le moyen âge et les chapeaux coniques, le folklore ça va bien 3 minutes pour déconner, mais là ça devient ridicule, vous vous êtes plantés, ça peut arriver à tout le monde, mais reconnaissez le et grandissez, un peu.

« Hey, machin, toujours pas déménagé, mon colloc préféré ? T’es enceinte ? Ah non t’es un mec, c’est vrai. Alors attends, laisse moi deviner…t’es en train de bosser ? Ahah, je sais pas, une intuition. Non, vraiment, je n’ai pas de ‘truc’, comme tu dis, juste une capacité de déduction, et une culture, disons, hors normes. Et puis, on peut dire que vous, les Japs, vous avez un peu ça dans le sang, hein, comme la cuisson du riz pour les Chinois, ou la biture pour les Russes, non mais attend, je critique pas, chacun son truc hein, nous les Français c’est le romantisme, et voilà quoi, je me plains pas à chaque fois qu’on me sort ce stéréotype réducteur.
Enfin bon je parle, je parle, et j’en oublie de mettre de la musique pour t’empêcher de bosser encore plus, ça te dérange si je ne te demande pas ton avis ? Oui ? Ok je note, maintenant ta gueule, j’écoute ma musique. »

« Ah tiens, mais qui vois-je ? Si c’est pas mes connards de voisins Kazakhs en train de hurler dans le couloir à 1h du matin ? Alors, toujours pauvres ? Toujours moches ? Toujours petites bites ? Ahah oui je sais, vous avez ‘ça dans le sang’, vous aussi. Ben écoutez, ça m’a fait plaisir de vous mépriser, on se refait ça un de ces quatre matins ? En attendant vous m’excuserez, mais il faut que j’aille réveiller mon colloc pour lui expliquer pourquoi exactement sa vie est morne et sans avenir, il paraît que les Japonais ont le suicide facile. »

Si par ailleurs je voulais conclure ce billet sur une note de profonde intellectualité rebelle, je n’hésiterai pas, j’oserai l’impensable, je dirais tout haut ce que seuls quelques esprits éveillés pensent tout bas, je cracherai à la face de ce monde ce qu’il ne veut pas voir, j’écrirai en lettres de feu « la beauté existe », « la guerre c’est mal » ou bien encore « j’aime bien les choses qui me font plaisir », mais point trop n’en faut, et la provocation a ses limites. Je retire ça, désolé, pardon. Je ne suis qu’un humain, après tout.

Enfin, je crois...