27 novembre 2007

Transformations

Il est des choses que l’on voudrait crier dans le vent jusqu’à s’en casser la voix, ou écrire sur des parchemins en lettres de feu et jeter à la mer, les cheveux embrumés de parfums enivrants sous des soleils fatigués d’une gloire révolue.
Oui, je suis un poète, je joue de la guitare et j’ai les cheveux longs. Tout comme Max, oui. Mais je n’ai jamais redoublé. Et bim ! C’est gratuit.
Mais Christophe, que sont donc ces choses que tu voudrais écrire en lettre de feu ou hurler dans le vent sur fond de violons langoureux ?

Et bien, que j’aime faire la sieste par exemple. Le matin, je suis une larve, je n’aime pas les gens et ne m’exprime que par semi-syllabe. Puis vient l’heure de la sieste, ou l’heur de la sieste aurais-je glissé si envie m’avait pris de lancer un subtil jeu de mot. Après quoi je ne suis plus le même homme. Je gambade gaiement, je rue dans les brancards, hausse les sourcils et bloggue à qui-mieux-mieux, trouvant l’énergie incroyable de puiser au plus profond de mon être des expressions moisies en veux tu en voilà, à tire-larigot et comme s’il en pleuvait comme vache qui pisse.

Et ce, jusqu’au matin suivant quand je redeviens l’homme-serpillière, et ainsi de suite jusqu’à ce que mort s’ensuive.

25 novembre 2007

Kim Peek et le test de Turing.

Pour les plus effroyablement ignorants de mes lecteurs, je rappelle de manière condescendante que le test de Turing est un test permettant de déterminer si un programme informatique se comporte de façon semblable à un être humain. Dans sa version la plus simple, il s’agit de poser des questions à un programme, et à un humain, tous deux cachés, et d’essayer de déterminer qui est quoi. Le programme passe le test s’il n’est pas reconnu en tant que tel. Ben sûr, il existe des tas de gens qui, à la place d’un programme, échoueraient. Des handicapés mentaux, des enfants, Miss teen South Carolina, et « such as »… Et parmi tous ces gens, il y a Kim Peek, surnommé « le vrai Rain man ».



Kim Peek, c'est le mec qui connaît 12 000 livres par cœur ou presque, et qui lit deux pages en 10 secondes, un œil sur chaque. Né avec des dommages cérébraux importants, Kim Peek possède un cerveau à l’organisation atypique, ce qui explique tant ses dons surhumains que sa totale incapacité à effectuer des tâches simples de la vie de tous les jours, s’habiller par exemple. Ou effectuer une analogie.

Bien sûr, le « Google sur pattes » a été observé sous toutes les coutures et testé de nombreuses fois. Ce qu’il en ressort, et qui m’a frappé, c’est qu’apparemment Peek n’interprète pas les données qu’il agrège. Un être humain normal ne stocke pas l’information sous forme de mots et de chiffres, tout comme il ne pense pas avec des mots. Il transforme, « compile » les données. C’est pourquoi il est si difficile d’apprendre une poésie par cœur (mais si facile de se rappeler à peu près de quoi elle parle), sans parler d’apprendre le chinois…sauf pour Peek.

Peek ne possède pas la couche d’interprétation, il stocke les données sous forme brute. D’où, je suppose, sa vitesse de décodage et stockage incroyable, et la précision de ses souvenirs – il se souvient mot pour mot de 98% de ce qu’il a lu. Et d’où je suppose son incapacité totale à comprendre une analogie : l’analogie utilise l’objet interprété comme point commun entre des idées différentes, objet manquant chez lui.

Mais ce qu’il faut retenir, c’est surtout que Peek offre aux chercheurs de lever un peu plus le coin du voile sur le fonctionnement du cerveau, en mettant à nu une sous-couche de celui-ci.

Alors finalement, me suis-je demandé, un Kim Peek artificiel serait-il difficile à programmer, et à quel point ? Peek sait agréger et regrouper son savoir, comprend l’anglais naturel (au niveau structurel), sait se déplacer dans son environnement, et possède quelques capacités sociales, quoi que limitées. L’état de l’art en IA n’est pas loin de tout ça. L’on sait faire des robots qui se déplacent et reconnaissent leur environnement, ça n’est pas encore très impressionnant, mais déjà fonctionnel. L’on sait faire de la reconnaissance vocale, et analyser plus ou moins un texte donné. Et l’on sait très, très bien stocker des données en masse. Les capacités sociales des robots aussi s’améliorent rapidement, l’on sait détecter l’humeur d’une personne par exemple, et faire en sorte que le robot s’adapte. Cela peut paraître un peu présomptueux, mais finalement j’ai l’impression qu’une version robotisée de Kim Peek pourrait presque être réalisable avec les moyens techniques actuels. Son surnom d’homme-ordinateur lui irait alors comme un gant.

Certes, il manquerait au robot-peek les émotions, le ressenti physique, et sûrement beaucoup de choses que j’oublie. Mais il y a déjà de quoi commencer à se poser des questions. Personne n’envisagerait une seule seconde de traiter Peek comme un objet. Que se passera-t-il lorsque sortira un robot-Peek ? Et un robot un peu plus intelligent que robot-Peek ?

Personnellement, je crois (peut-être parce que j’ai envie d’y croire) que si je ne meurs pas d’un cancer des poumons provoqué par la pureté de l’air Pékinois dans les 40 ans à venir, je verrai l’avènement d’une intelligence artificielle totalement indistinguable de celle de l’Homme, du moins si la recherche continue dans le sens actuel. Veut-on en arriver là ? A partir de quel degré d’intelligence et de sensibilité simulée peut-on considérer criminel de mettre un robot à la casse ?

Préparez-vous à répondre à ces questions mes cocos, parce que bientôt, on ne pourra plus les éviter. Enfin, peut-être.



Kim Peek, docu en 5 parties (anglais) : http://www.youtube.com/watch?v=k2T45r5G3kA

18 novembre 2007

Confession

Je dois avouer quelque chose, quelque chose que je cachais depuis trop longtemps.
Je suis Pastafari.


« Il était une fois rien. Puis le Monstre en Spaghettis Volant se mit à exister depuis toujours. Au premier jour, il créa une montagne, et se dit que c’était pas mal. Alors il rajouta des arbres, et un nain. Et il jugea que c’était un boulot acceptable pour la journée. Le lendemain et les deux jours suivants, il créa le reste de l’univers. Puis il se reposa. »

Bien sûr, impossible de résumer la pensée Pastafariennique en un texte si court, aussi divinement inspiré soit-il. Contentons-nous de remarquer l’incroyable supériorité du Plat de Spaghettis Volants sur d’autres dieux beaucoup plus lents à prétendument créer l’univers.
Le Monstre en Spaghettis Volant est omniprésent, omniscient, gentil et invisible. Il modifie par ailleurs systématiquement toute mesure afin de faire croire que le monde est tel qu’il est, par l’intervention de son divin tentacule, le Nouillesque Appendice. Ainsi croyons-nous par exemple constater que l’univers est âgé de plus ou moins 13 milliards d’années, alors qu’en fait non.

La bonté du Monstre en Spaghettis Volant est infinie mais sa colère peut être terrible envers quiconque ne porte pas de costume de pirate, au moins une fois pas semaine. Enfin, quel est le prix d’un habit de pirate, par rapport à une éternité de volcans remplis de bière et d’usines à strip-teaseuses ? Bien maigre assurément.

Ceci n’est pas une blague. Je crois, du plus profond de mon être, que le Monstre en Spaghettis Volant existe, qu’il m’inspire en ce moment-même, et qu’il me trouve super. Et il te trouve super, aussi, toi qui lis ces lignes. Il t’aime d’amour et tu iras en enfer si tu ne crois pas en lui.

De plus, un être qui t’es cher mourra dans les deux mois dans des souffrances horribles si tu ne copies pas ce texte sur ton blog ou ne l’envoies à au moins 20 de tes contacts mails. Ce sera de ta faute. Tu l'auras tué. Ta mère ? Ton père ? Ta soeur ? Ta petite fille ? Morts. A cause de toi. Parce que tu n'auras pas pris le temps de faire un simple copier-coller. C'est vraiment ce que tu veux ?

15 novembre 2007

Un petit état de l'art de l'IA

Vous avez déjà rêvé de requins avec des lasers sur la tête ? Moi non plus.
Sauf qu’à la place des requins, c’était des gens, à la place des lasers, des implants neuraux, et à la place de moi non plus c’était moi aussi.

Non parce que bon plus j’étudie l’IA et d’une part moins je comprends ce que c’est, et d’autre part plus je maîtrise les probas. Et donc je me suis dit, ce serait cool que les gens aient des espèces d’implants neuraux, sauf que par implants neuraux je veux dire cerveaux robotiques et par gens je veux dire robots.
Alors ok les robots c’est cool, ça danse sur des tables, ça se pète la gueule dans les escaliers et ça visite mon blog beaucoup plus souvent que des humains, mais pourquoi ce serait cool qu’ils aient des cerveaux robotiques ? D’une part parce ce que c’est ce qu’ils ont déjà étant donné que de toute façon l’expression ne veut rien dire, et de l’autre parce que des robots intelligents ça pourrait faire plein de trucs chiants que les humains répugnent à faire, rendre visite à la grand-mère, nettoyer la fosse septique, voter pour les verts, des conneries dans le genre.

A partir de là normalement vous commencez à vous douter que je n’ai rien à dire, mais quel droit aurions-nous de traiter de la sorte des robots ? Presque aussi intelligents que les hommes, ils deviendraient l’égal de la femme et devraient dès lors avoir le droit de vote. Plus intelligents que l’homme, ils partiraient étudier Chine et se mettraient à écrire des billets de merde pour passer le temps après avoir rendu des devoirs de 17 pages. Puis ils créeraient des robots plus intelligents qu’eux, et ainsi de suite jusqu’à arriver à des robots incroyablement intelligents, capables d’expliquer le succès de radiohead et de construire des vaisseaux pyramides avec bouclier électromagnétique. C’est ce qu’on appelle la singularité technologique, et on fonce droit dedans, à moins bien sûr que ça n’arrive jamais auquel cas on ne fonce pas droit dedans. Mais dans le doute, on va dire qu’on fonce droit dedans. Et c’est bien ? Autant dire que si ça arrive, l’Homme sera complètement largué et ne servira plus à grand-chose à part à rire, ce qui est le propre de l’Homme, et faire joli pour certain(e)s. Perso si on vote je suis pour à 70 pourcents jusqu’à preuve du contraire, parce que ça a l’air cool comme ça et que j’ai pas envie de chercher plus loin même si sûrement c’est pas aussi cool que la pub le dit.

Enfin bon c’est pas mon tuteur qui va nous y pousser, dans la singularité. Je lui ai dit que ce qu’il avait fait depuis cinq ans, c’était de la merde inutilisable, et que j’allais tout refaire, en mieux. Il m’a dit que ouais, j’avais trop raison, et qu’en plus j’étais un mec génial. Là tac je l’enchaîne, genre « je t’échange 2 pogs brillants contre 3 esclaves undergrad », il me dit tope-là. Et donc sous peu j’aurai des esclaves undergrad pour coder mon projet de recherche, et je pourrai tranquillement me dorer la pilule au soleil de Pékin. Bon ensuite je lui dis « ouais, tout ça, les bridés c’est cool mais je connais qu’un seul modèle » et là direct il me sort que je vais aller au Japon l’année prochaine pendant quelques mois, voir à quoi ressemble un bridé avec de l’argent. Moi je dis ok.

Enfin bon comme dirait Kasparov, les robots c’est de la merde, ils nous les cassent.