07 décembre 2008

Fantastic Contraption

Je viens de découvrir un jeu qui va sans doute ruiner ma vie.

C'est un peu comme des Lego Technics, en 2D, et en flash. Le principe est très simple, vous avez des roues qui tournent, des roues inertes, des barres pour les relier, et un moteur physique qui anime le tout quand vous cliquez sur "start", le but étant de déplacer une pièce mobile jusqu'à une zone cible. La difficulté augmente progressivement, et il faut savoir faire preuve de créativité pour surmonter des contraintes toujours plus importantes.

Ca s'appelle Fantastic Contraption, et c'est tout simplement le jeu flash idéal, ou du moins le jeu flash idéal pour geek.
Pour vous donner une idée de ce que ça peut donner quand on y passe un peu de temps, voilà ma catapulte : http://FantasticContraption.com/?designId=4794945 (processeurs sensibles s'abstenir).

N'hésitez pas à poster vos créations en commentaire !

07 novembre 2008

1+1 =

Pour ceux qui en doutaient encore, voici la preuve incontestable que 1+1 = 2 :
Si vous n'avez pas bien compris, vous pouvez toujours lire les 379 pages de Principia Mathematica (volume 1) amenant le resultat.

Au prochain billet, 1+2 = ???

03 novembre 2008

La Corée à chaud

Arrivée à Séoul, mégapole moderne, avec ses métros taille XXL, ses Coréens qui regardent la télé sur leur téléphone et ses néons flashy. La ville est propre, l’air est respirable, les automobilistes respectent piétons et feux. Pékin, à deux heures de vol à peine, semble bien loin.

Arrivée pluvieuse

Mon acolyte germain et moi-même logeons en plein centre de Séoul, dans une chambre d’hôtes tenue par un couple Coréen dont la femme parle français. Bon accueil, bon prix. Des gens de tous horizons se retrouvent ici, de la photographe-reporter française au routard du dimanche Japonais qui veut « apprendre à dire bonjour et merci dans 40 langues ». Dans la ville nous visitons divers temples, palais et autres parcs, avant de retomber sur les rues commerçantes et les marchés en plein air grouillants de monde illuminés par les néons, enseignes lumineuses et écrans géants dont les façades saturent. Nous longeons un moment une rivière artificielle insérée à grand frais au milieu des gratte-ciels, où les Séouliens viennent écouter le bruit de l’eau et essayer d’oublier que 22 millions de personnes aimeraient, elles aussi, profiter du calme de temps en temps.


La qualité de mon appareil photo ne me permet pas de prendre des photos
de nuit décente, mais vous pouvez toujours imaginer cette rue la nuit...


La rivière dans la ville

Nous quittons ensuite Séoul pour Jejudo, le « Hawaï Coréen », une île au climat subtropical à une heure d’avion à peine de Séoul. Le plan était d’y passer quelques jours avant de revenir sur le continent, nous y restons une semaine, passée à arpenter les différents chemins à flanc des cratères de cette île volcanique – chemins hélas beaucoup trop aménagés, à faire du vélo en longeant la côte, à visiter les diverses attractions de l’île et à manger les mandarines locales, souvent offertes par des habitants généreux . Lecture, visites et farniente l’ont emporté sur notre envie de visiter l’ancienne capitale, Gyeongju, et le plus beau des parcs nationaux, Seoraksan. Ce sera pour une autre fois.

Des cratères secondaires se profilent sur l'horizon,
vus du haut d'un cratère au milieu de la mer.


A peine le temps d’en profiter et d’apprendre à déchiffrer les caractères Coréens que c’est déjà fini, retour au bercail et au mois de novembre Pékinois, à la recherche et à la nourriture sans kimchi. N’hésitez pas à jeter un coup d’œil aux autres photos !

24 octobre 2008

Pour ceux qui ne suivraient pas mon FriendFeed (anciennement) vide, voici la liste des dernières nouvelles :
- Hier, j’ai discuté avec un Chinois habillé en S.S., avec les bottes et toute la panoplie (sauf le flingue). Il prétendait ne pas trop savoir ce que signifiaient ses vêtements, mais j’en doute. Enfin bon je me suis déjà fait dire par plusieurs Chinois qu’ils admiraient Hitler, « parce que c’était un homme charismatique ».
- Et demain je me paie 10 jours de vacances en Corée avec Germain, un pote. Apres trois semaines de recherche sérieuse, je l’ai presque mérité. Dès que je trouve un truc je vous le dit.

PS : je suis premier sur les mots clés "platon mao curling" sur google. Champagne !

02 octobre 2008

Steve Fosset est le plus fort

Je lisais la page wiki de Steve Fosset, le célèbre aventurier dont on recherche toujours le cadavre, quand une phrase m'a frappé en traître :

"Steve Fossett détient le record mondial du nombre de records mondiaux détenus, avec un total de 62".

Mais Steve Fosset est la seule personne à détenir le record mondial du nombre de records mondiaux détenus, et possède donc le record mondial du nombre de records mondiaux du nombre de records mondiaux, avec un total de 1.
Et Steve possède donc, finalement, 63 records mondiaux (en supposant que le record mondial du nombre de records mondiaux avait déjà bien été inclus dans le compte du nombre de records mondiaux sus-cité).

Finalement, par récursion, Steve possède un nombre infini de records mondiaux.
Ce qui est un record.

Steve Fosset est vraiment le plus fort

30 septembre 2008

La crise


Elle s’inscrit en fil rouge depuis aussi loin que je puisse m’en souvenir, dans les informations et les conversations. Petit, je ne comprenais pas trop ce que ça voulait dire. Tout le monde parlait de la crise, et vivait sa vie sans problèmes apparents. La conjoncture était mauvaise, mais tout allait bien. J’étais perplexe.
Un jour pendant le repas de midi, je demandais à mes parents la signification de ce mot, conjoncture, attrapé au vol parmi les informations que crachait la vieille radio de ma mère. La réponse me satisfît, mais ne m’avança pas vraiment. Où se cachait donc la crise ?
Il fallait bien que les choses aillent mal quelque part. Que des gens aient faim, qu’ils dorment dans la rue. Oh évidemment il y avait le clochard salué tous les dimanches sur le parvis de l’église, et il y avait les petits enfants en Afrique. Il y avait des gens malheureux, ailleurs, on nous l’avait assez répété. Mais pas assez. Ca ne collait pas.
Bien sûr, je vivais dans une bulle. La bulle de l’enfance, qui isole des soucis matériels. La bulle de ma petite ville résidentielle fleurie et bien famée, dans une des régions les plus aisées d’un des pays parmi les plus riches du monde. Mais tout le monde, dans cette petite ville qui était la mienne comme ailleurs, vivait dans la peur de la crise. A force de répétition, la crise devenait réelle pour tous, lovée dans les cortex comme une évidence indiscutable quoi que dénuée de manifestations palpables. Pour autant que je m’en souvienne, personne n’a jamais remis en question la crise. Il n’a jamais été question de croire en la crise, pas plus qu’il n’est question de croire au facteur. [1] La crise était simplement là, et s’il fallait en parler, c’est pour décider de comment en sortir. Car c’est ce qu’on fait, avec une crise. On en sort.

Avec le recul, j’ai fini par reconstituer une petite partie du puzzle et par faire coller une signification concrète à ce concept de crise. La crise, c’était les chocs pétroliers, la fin des trente glorieuses, la fin du plein emploi. Et tout ce qui en découle, ou pas. Tout ce qui va mal. C’est le chômage longue durée, la compétition durant les études, la compétition à l’embauche, la dette qui gonfle, le trou de la sécu, les impôts qui grimpent, et la bourse qui baisse, parfois.
Et qui baisse beaucoup, depuis quelques temps. Une crise dans la crise ? Ruez-vous sur les conserves, chacun pour soi et que le plus fort gagne, c’est la fin du monde. Mais personne ne veut de fin du monde. Les gouvernements du monde entier renflouent leurs banques à grand renfort d’argent public. Les spéculateurs vendent leurs invendables à Monsieur Tout-le-monde au prix fort et gardent les bénéfices. Les riches deviennent plus riches, les pauvres plus pauvres. De loin, en bas, il devient difficile de distinguer le monde des affaires de celui de la politique. Les PDG deviennent ministres, les cadeaux s’échangent, les relations se tissent et les campagnes se financent bien. La tendance n’est pas nouvelle, et n’a pas commencé avec Sarkozy, Bush ou Berlusconi. Depuis longtemps les puissants sont riches et les riches sont puissants. Mais la frontière se brouille graduellement, à mesure que s’éloignent des mémoires les principes fondateurs des démocraties capitalistes modernes, remplacés par un cynisme réaliste des adeptes de la realpolitik. Et ils n’ont pas tort.
Les cyniques ont investi depuis longtemps les postes clés du secteur économique, emporté dans sa course en avant infinie au profit d’où qu’il vienne. L’argent avait déjà perdu son odeur avant le début du siècle dernier, avec la bénédiction de la main invisible. Comment luter contre un concurrent prêt à user de tous les moyens en son pouvoir, sans considérations morales ou idéologiques, sinon en faisant de même ? Le cynisme est peut-être un choix au niveau personnel, mais au niveau sociétal, c’est une fatalité. Le cynisme est un comportement viral.
La politique a résisté plus longtemps, et non sans raisons. Dans une démocratie idéale, le leader politique est charismatique. Il est issu de l’élite intellectuelle du pays, et a des idées bien tranchées sur la voie à suivre par son pays. Plus qu’une liste de promesses qui n’engagent que ceux qui y croient, il a des idéaux, et a conscience de servir le peuple. De tels leaders ont, je crois, dans une certaine mesure, existé, mais ils sont aussi rares aujourd’hui qu’ils ne l’étaient hier. Et la concurrence est nombreuse comme jamais.
Le politique moderne sait paraître, à grand renfort de publicités, de campagnes exorbitantes et de formules choc empruntées. L’idéologie est pour lui un bagage encombrant, quand une veste est si facilement retournée. Le politique moderne est peut-être cynique, mais il sait se faire élire. Le peuple le sait, bien sûr. Les taux de participation baissent. Le vote protestataire monte. Mais le pouvoir des realpoliticiens n’en souffre pas. En politique aussi, le cynisme a gagné, et il ne se voile presque plus.
Ce n’est pas une conséquence conjoncturelle, et ce n’est pas un hasard. C’est la progression logique d’un système dans lequel le cynisme se reproduit mécaniquement et élimine la concurrence. Et il n’y a aucune raison que cela ne continue pas dans ce sens.

La crise ? Mais il n’y a pas eu de crise. Le système a évolué, suivant ses propres règles, et il n’y aura vraisemblablement pas de retour en arrière. Le terme de crise implique l’existence d’une solution, mais il n’y aura pas de solution. Nous sommes sur des rails, et il ne fait pas bon regarder où ils nous mènent.
Derrière les mesurettes anecdotiques propres à chaque gouvernement, la tendance de fond est la même dans les démocraties capitalistes. Dérégulation, privatisation, libéralisation. Et nationalisation des pertes, en ce moment. La machine qui, durant le siècle dernier, marchait si bien, n’a pas changé, mais elle s’est emballée. Elle marche beaucoup trop bien.
Il y a une semaine, le mardi 23 septembre 2008, nous avons célébré le ‘earth overshoot day’. C’est le jour estimé où l’humanité a consommé toutes les ressources produites par la nature dans l’année, après quoi l’humanité pioche dans les réserves. Ne retenez pas la date, ce jour arrivera de plus en plus tôt chaque année.

Et qu’y pouvons-nous, nous, pauvres mortels ? Et bien rien. Le président des USA n’y pourrait rien. Il n’y a pas de moyen de lutter contre un phénomène viral mondial. On peut toujours essayer, pour se donner bonne conscience (ce qui n’est pas un tort, loin de là), ou juste au cas où. Mais c’est perdu d’avance. La population mondiale augmentera jusqu’à ce qu’on ne puisse plus la nourrir. L’exploitation des ressources naturelles continuera jusqu’à épuisement. Les pauvres toujours plus pauvres protègeront des riches encore plus riches. A moins d’un épisode imprévisible, une révolution, une guerre mondiale, une émeute globale, un soulèvement des machines, je ne vois pas ce qui peut contrer ce scénario. Les oligarchies se déguiseront en démocraties pour paraître légitimes, maintiendront le peuple dans la peur et détourneront sont attention des vrais problèmes. C’est déjà vrai dans une large mesure.

Ne faites pas d’enfants.



C’était le billet déprimant du jour. Etant donné que je n’ai qu’une maîtrise très proche de zéro des sujets abordés vous avez le droit de ne pas me croire, je ne sais pas si je me crois moi-même. Mais au moins, j’ai bloggé.

[1] Petit plagiat de Terry Pratchett, désolé.

23 septembre 2008

Chinoiserie

Voilà l'étiquette d'un mini kit de couture acheté en Chine :
Sympa non ?

18 juin 2008

IALCDJ

L'idée à la con du jour
Améliorer les systèmes de vote

Selon quel(s) critère(s) ?
La satisfaction moyenne de l'électorat à l'issue de l'élection.

Le problème
Ce n'est pas parce que l'on vote pour un candidat que tous les autres nous semblent égaux.
Prenons l'exemple d'un électeur, fervent supporter de Sarzoky (candidat fictif). Cet électeur, dans la catastrophique mais possible éventualité que Sarzoky ne gagne pas, préfèrerait voir Mayrou élu, auquel cas il serait légèrement satisfait, mais surtout pas Boyal, auquel cas il serait très très malheureux. Et je ne parle même pas des hippies genre Besancemou et compagnie.
Le problème, c'est que le vote ne montre pas le bonheur potentiel (juste après l'élection) que procurerait chaque candidat s'il était élu, mais simplement le candidat qui procurerait le bonheur maximum. Et vous pouvez vous retrouver avec une personne préférée d'une petite majorité et détestée par les autres, élu au nez et à la barbe d'un personnage qui plaît modérémment de chaque côté. Ce fût le cas de Lincoln vs. Douglas en 1860.

La solution
On peut demander aux gens de donner une note à chaque candidat. Reprenons notre fan de Sarzoky par exemple. Pour limiter les dégâts en cas d'apocalypse, il décide de donner un coup de pouce à Mayrou par rapport aux autres opposants. Il donne donc 20/20 à Sarzoky, 5/20 à Mayrou, et 0 aux autres. A la fin du vote, le candidat ayant la meilleure moyenne gagne, et, si les gens ont un peu joué le jeu, le vainqueur est plus représentatif de l'optimum de satisfaction nationale que le vainqueur d'une élection classique.

Avantages
-Résultats plus satisfaisants en moyenne pour la population.

-Prise en compte du vote blanc (0 pour tout le monde) : si les notes des candidats sont très basses, il savent qu'ils ne font pas l'unanimité et ont moins de légitimité que ce que leur aurait conféré un choix entre deux candidats au second tour d'une élection Française par exemple. Sarzoky élu sur un 6/20, forcémment, il la ramènerait moins.

-Meilleure prise en compte des petits partis : peut-être pas le premier choix, mais une bonne alternative ? Ils feront des scores plus importans relativement aux gros.

Inconvénients
-Décompte plus difficile dans le cas de vote papier, plus grand risque d'erreur (mais un risque de moyenne nulle a priori dans la plupart des cas sur un grand nombre de bulletins décomptés).

-Mais surtout, les gens peuvent ne pas jouer le jeu. Si deux partis donnent des mots d'ordre (secrets) différent, que l'un dit "jouez le jeu et donnez aussi des points aux autres comme vous le sentez" alors que le deuxième dit "ne donnez des points qu'à notre candidat", le candidat du deuxième parti est avantagé. L'attitude minimisant le risque sans connaissance a priori de l'attitude de l'autre parti est alors de ne jamais donner de points aux autres, et le vieux système est de retour. Ce qui n'est déjà pas si mal, dans le pire des cas, on revient à une élection classique.
Mais l'on peut aussi compter sur l'indépendance relativement importante des électeurs par rapport aux partis politiques. Si seuls les militants votent fanatiquement en donnant des points uniquement à leur candidat, mais que les autres électeurs privilégient leur propre intérêt et jouent un peu le jeu, l'issue de l'élection est mécaniquement plus satisfaisante pour la majorité, un peu si très peu de monde joue le jeu, beaucoup si beaucoup jouent le jeu. Etant donné le nombre important d'indécis avant chaque élection, je suis prêt à croire que beaucoup de monde serait prêt à répartir son vote sur plusieurs candidats. Et Mayrou aurait probablement gagné la dernière élection fictive.

-Meilleure prise en compte des petits partis et moins de légitimité des candidats élus : n'est-ce pas la meilleure raison de ne pas adopter ce système de la part des instances dirigeantes ?

-Complexité accrue : la notion de "noter les candidats" est simple à appréhender, mais moins que celle de "choisir un candidat". Il y aurait peut-être des cafouillages.

Et voilà, je voulais écrire un billet de 3 lignes, et j'ai pas su m'arrêter. Retour à mes (ré)visions désespérées.

23 mai 2008

Micro billet

Juste un micro-billet à la Twitter pour faire part au monde d'une révélation qui m'a frappé à l'instant : le deuxième mouvement de la sonate au clair de lune de Beethoven ressemble vachement à du ragtime genre Scot Joplin, en plus lent et plus léger.

Hallucinnè-je ?

17 mai 2008

Lose-lose lulz

I'll write this one in English, because, well, I feel like it. Consider yourself lucky that my Chinese still sucks ass.

So I was sitting in that restaurant, and I had finished eating lunch alone (partly because I took my breakfast at noon). I was chilling and kind of preparing myself for the then upcoming training session, opening my chakras, focusing my chi and starting to digest my 2 euro meal, when this chick sitting at the next table gets up, walks half the distance between the two tables, goes back a few steps giggling along with her friends and finally reaches my table.

The girl, quite good looking, addresses me in English, because yeah, if you’re white in China, you automatically speak English, or at least Chinglish, which is basically the same language with more mistakes and literal translations.

“Hi.
- Hi.
- My friend would like to take a picture with you. Is it possible ?
- Hmm…why ?”

That’s obviously not the answer she expected, she seems taken aback. Well I must admit I knew exactly the answer, but I just couldn’t resist asking anyway. As a side note, the friend in question didn’t look bad either.

“Because, er…, she thinks you’re very handsome, and charming.”

I then raise my eyebrow, and try looking as appalled and condescending as possible.

“Well I don’t like taking pictures with total strangers. It’s a no.”

And upon this I leave, looking back once with the most consternated face I can make, slowly shake my head in dismay and leave like a prince. And then I start smiling, because, damn, it feels good being a total monster.

Now, I’ll leave the conclusions to you, but beware, you might very well be wrong. Or not.

01 mars 2008

P|-|34|2

Si tu ne sais pas ce que signifie ce titre, casse-toi de mon Internet sale noob.
J'ai enfin fait des frais et investi dans un costume de ninja digne de ce nom, il ne me reste plus qu'à vider comme des poissons quelques nourrissons pour me faire la main, et je serai prêt à faire régner la terreur sur la ville.

Voilà un rare cliché de votre nouveau cauchemar, ne vous laissez pas distraire par le pommeau de douche, mon regard est très très méchant.




Accessoirement, mon masque ninja me protège aussi des gaz d'échappement et autres particules en suspension. Un ninja n'est jamais trop prudent.

28 février 2008

Rencontre

Non, vous n'êtes pas dans le plus beau de vos rêves. Pincez-vous, j'ai bloggé.
Et pas qu'un peu, ça non, fini les billets de tarlouze d'une misérable page word ou moins, ce billet est pour les hommes, les vrais, avec de vrais morceaux de mots que vous ne connaissez pas dedans et tout.
A la base, c'est un texte que j'ai écrit pour un jeu-concours que je ne citerai pas pour éviter le plagiat (à la clé, tenez-vous bien : un dictionnaire). Un thème : la rencontre. Une contrainte : placer dix mots que je vous propose de deviner. Bon, disons, essayez d'en trouver deux. Il y en a un que j'ai honteusement parachuté et qui devrait sauter aux yeux.
Je n'ai pas encore envoyé le bouzin, si vous voyez des fautes, ou des trucs qui vous choquent dites le moi.
Enfin, si vous avez des remarques comme quoi c'est trop long j'ai pas lu kikoolol, je n'ai qu'une chose à répondre : kizoooooooooux lolol hihihi lolilol kikoooo ?







Le brave petit poney rose.

Une histoire de courage, et de poneys.

Je ne savais plus quand ça avait commencé. Le voile. Un grand voile noir, qui m’était tombé dessus comme un moellon sur le teckel de mémé. Puis le blanc. Le grand désert blanc.
Cela faisait un certain temps déjà que je rampais, dans cette pâleur laiteuse qui n’en finissait pas, et je commençais sérieusement à me poser des questions.
Où suis-je ?
Oui, pas mal.
Qu’est-ce que j’ai fait de mes bras ?
Faudra que je me penche sur la question.
Et qui c’est, ce morveux ?
« Bonjour.
- Hein ?
- Vous rampez ?
- Non non, je gambade comme un cabri. Tu viens d’où, gamin ?
- De pas loin. C’est quoi un cabri ?
- Une sorte de vache. »
Le gamin ouvrit la bouche, hésita, puis la referma en une moue pensive avec un petit plop mouillé.
Je plissais les yeux pour l’observer.
Le qualifier de dégingandé aurait été du même effet que qualifier le soleil de ‘vaguement tiède’. Le gamin n’était que coudes, genoux et angles en tous genres, il avait passé le stade du désarticulé sans même le voir pour rejoindre celui du sur-articulé à fond de train, et le simple fait qu’il tienne debout relevait du miracle majeur, de celui qui vous fait sortir de terre églises, hôtels, boutiques de souvenirs et pèlerins paralytiques en moins de deux pater.
Un visage fripon surmontait l’anarchie osseuse susmentionnée, et quelques vêtements dépareillés tentaient tant bien que mal de jeter un voile de pudeur, sinon de bon goût, sur le tout.
« T’es qui, toi ?
- Je suis bien content de te voir. Ca fait longtemps que j’avais vu personne dans le coin.
- Le coin ? C’est quoi ce coin ? »
Le gamin haussa un sourcil de perplexité. Et de friponnerie, aussi, car ça oui pas de doute, son visage était fripon.
« Ben, le désert voyons. Tu t’es perdu, toi aussi ?
- Je…non, enfin, je sais pas. Tout ce que je sais, c’est qu’un instant, je n’étais pas là, et l’instant suivant, j’étais là. Et personne pour s’excuser pour le dérangement, rien. »
Le morveux s’accroupit devant moi et l’image d’un tas de petit bois qu’on lâche au sol me traversa l’esprit, s’arrêta faire le plein puis repartit en oubliant sa petite monnaie. Le petit me dévisageait, et je pus détailler son visage où les tâches de rousseur le disputaient à la friponnerie sous des mèches blondes qui n’avaient sans doute jamais même vaguement entendu parler du concept de ‘peigne’.
« On t’a jamais appris qu’il ne faut pas dévisager les grandes personnes, petit ?
- Non, pourquoi ça ?
- C’est pas poli, ça se fait pas. »
L’enfant fixait à présent mon front d’un air perplexe.
« Pourquoi tu es vieux ? » demanda-t-il avec le tact d’un diplodocus affligé d’une mauvaise rage de dents.
« Vieux ? Je suis un grand c’est tout, j’ai encore le temps d’être vieux.
- Pourquoi on doit pas dévisager les gens ?
- C’est comme ça et puis c’est tout. »
La réponse eut l’air de faire mouche. Le petit marqua une pause, et prit l’air absorbé de celui-qui-comprend-et-prend-un-air-absorbé-pour-le-montrer-au-lecteur. Il ouvrit la bouche. Il referma la bouche. Il avait l’air d’essayer de se rappeler de quelque chose.
« Je vais… » commença-t-il.
Son front se plissait sous l’effort.
« Je vais t’a-ppri-voi-ser ».
Son sourire de lait se fondit dans la blancheur du décor, ou plutôt, de l’absence de décor.
« Tu vas quoi ?
- T’apprivoiser.
- Ah. Et c’est bien ?
- C’est vachement chouette. Ca veut dire que je dois apprendre à te connaître en fermant les yeux.
- Voyez-vous ça ?
- Et ouais. Même que c’est une espèce de chien qui me l’a appris l’autre jour.
- Mais évidemment, voyons, que suis-je bête, ça tombe sous le sens. Bon, trêve de palabres, je ne suis pas intéressé par ton abri-machin. Va plutôt chercher tes parents, rase-mottes, et dis leur qu’il y a un gentil monsieur qui rampe dans le désert. »
C’est qu’il ne me connaissait pas, le sale gamin. « M’ abrivaser », et puis quoi encore ? J’étais pas un bon gros nounours en chocolat et guimauve, moi, sous mon extérieur bourru ne se cachait qu’un intérieur encore plus bourru, dans lequel misanthropie et aigreur aimaient à s’attabler autour d’une bonne soupe aux oignons et à la grimace en parlant du bon vieux temps et du fait que tout foutait le camp ma bonne dame, et les jeunes d’aujourd’hui, plus de respect pour rien, ça je vous dis à mon époque on savait se tenir et regardez-moi ces tenues et ils appellent ça de la musique non mais vraiment où allait le monde.
« T’es encore là toi ? Allez zou ! Ouste ! Du vent !
- Ce que… je sais pas où aller monsieur. »
La demi-portion avait composé sa plus belle expression regard-de-cocker-battu, mais on ne me la faisait pas, à moi. La preuve, ma voix n’était même pas noyée dans les sanglots quand je repris la parole. Elle avait encore largement pied.
« Ils sont où tes parents ?
- Je ne sais pas. Loin, je crois. »
Le cocker s’attrista un peu plus, et il s’en fallut de peu qu’il ne batte le record mondial de regard triste (toujours détenu à l’heure actuelle par un cocker battu qui de plus avait ce jour-là regardé Titanic et appris l’espérance de vie d’un cocker).
« Onon est où là ?
- Ca va pas ?
- Non, ça va, ça va, j’ai une poussière dans l’œil. T’occupe.
- On est dans le désert, je te l’ai déjà dit.
- Mais encore ? Y’a une ville dans le coin ?
- …
- Des gens ?
- J’en vois pas.
- Une station de métro ? » enchaînais-je sans espoir.
« - Deu-mai-tro ?
- Laisse tomber. T’aurais pas une boussole sur toi par hasard ? Un GPS ? Un arbre avec de la mousse d’un côté ? »
La frimousse du gamin se teinta d’une expression d’incompréhension mâtinée de profonde inutilité comme seule savent en arborer les enfants perplexes et les guichetiers à cinq minutes de la pause.
« Bon oublie ça. Je vais ramper un peu au hasard si ça te dérange pas. »
A bien y repenser, ce désert avait quelque chose d’inhabituel. Le sol, par exemple. Tout désert qui se respecte mettait normalement un point d’honneur à ce que son sol soit aussi désagréable que possible. Alors bien sûr il y avait plusieurs écoles, le clan des sablonneux, celui des rocailleux, celui des plutôt-sablonneux-mais-un-peu-rocailleux-quand-même-on-sait-jamais-ça-peut-servir, mais sur le principe du désagréable, le consensus était établi. Or ce désert-là était parfaitement plat, et lisse. La reptation y devenait un plaisir quasi-jubilatoire pour quiconque aimait ramper et quasi-jubiler.
Quelque chose clochait.
« Bah, peu importe », pensais-je. « Inutile de m’arrêter encore, j’ai déjà perdu assez de temps avec le gamin. »
Et je rampais de plus belle, tandis que le paysage défilait autour de moi à la vitesse d’une limace boiteuse sous tranquillisants. Non pas, notez, qu’il y ait eu grand-chose à faire défiler. Le sol dur et plat sous mon corps, la blancheur limbique partout, et…que voyais-je donc poindre à l’horizon ? Ce n’était encore qu’une particule accrochée à l’horizon, comme une passerelle métallique qui aurait brillé au loin, mais chût, ne brisons pas le suspense, que pouvait donc bien être cette chose mystérieuse qui m’attirait comme un combat d’éléphants sous amphétamines dans un magasin de porcelaine attire les ennuis ?
« Dis-donc monsieur, tu la vois poindre au loin, cette passmmf »
La fin de la phrase du gamin fût quelque peu contrariée par le pied que je venais de lui plaquer sur la bouche au prix d’indescriptibles contorsions, faute de mains disponibles en nombre suffisant.
« Cette chose mystérieuse qui brille au loin de reflets sibyllins et envoûtants, tu dis ? Un peu, que je la vois. D’ailleurs, j’y vais de ce… euh... rampement.
- Ah oui euh… l’étrange et énigmatique euh…objet de matériau indéterminé, là-bas. Il me donne un mauvais pressentiment. N’y va pas. »
Le gamin avait plissé les yeux et pris un air aussi ténébreux que possible en disant cela. Il comprenait vite, le petit. Il me rappelait moi en moins vieux.
« Ne fais donc pas l’enfant. Il ne se passera rien. C’est promis.» le rassurais-je.
« Bon, si tu le dis…on est bientôt arrivé ?
- Pas encore.
- C’est encore loin ?
- Oui.
- On arrive quand ?
- Je sais pas.
- Et maintenant ?
- Toujours pas.
- Tu sauras quand ?
- Quand on sera arrivé.
- C’est dans longtemps ?
- Oui et maintenant LA FERME ! »
La suite du chemin se fit dans un silence boudeur ou soulagé, c’est selon.
J’avais en tout cas visé juste, car le trajet prit exactement longtemps.

« Ben voilà.
- Voilà quoi ?
- Nous y sommes, la destination énigmatique est atteinte.
- La passerelle métallique ?
- Oui, bon, la passerelle métallique. »
C’était une passerelle métallique, ma foi, de bonne facture. Non pas que je m’y connaisse en passerelles métalliques, mais celle-ci respirait la passerelle honnête forgée par des mains irréprochables rattachées selon le mode opératoire habituel à une face qui irradiait certainement la franchise à cent pas.
Une arche en forme de crâne souriant semblait hurler aux visiteurs « BIENVENUE » tandis que les gargouilles ornant les bords ajoutaient un je-ne-sais-quoi de charme subtil à la construction. Un joyeux lac de lave glougloutait gaillardement quelques centaines de mètres plus bas et lançait des reflets rougeoyants sur le métal poli qui ajoutaient au pittoresque de l’endroit. L’aimable passerelle reposait à quelques mètres de l’à-pic et s’élevait dans une brume opaque d’un avenant marron à l’aplomb de l’étendue bouillonnante.
« Ma-gni-fique ! », lançais-je.
« Hein ?
- Quoi ?
- Mais c’est horrible comme endroit !
- Bof, les enfants, qu’est-ce que ça y connaît ?
- Tu ne comptes pas monter là-dessus quand même ?
- Ben je vais me gêner tiens. C’est pour ça que je suis venu, non ?
- Mais…
- Y’a pas de mais. Je te force pas à venir, hein. Tu comprendras quand tu seras grand. »
Il n’y avait rien à répondre à ça. Jamais.
« Bon, bah au revoir, alors. » lançais-je d’un ton qui se voulait triste sans trop y croire.
« Tu te souviendras de moi ?
- Mais oui, voyons. Quand je verrai un champ de maïs ondoyant joyeusement…euh…je veux dire, un carré de betteraves au loin…attends…choux de Bruxelles ? Rah je sais plus, coupez !
- Blé au soleil » me souffla le gamin d’un air de reproche.
- Ah oui, c’est ça ! Bon on reprend. Attends je prends mon air dramatique. Voyons, choses tristes, choses tristes. Un poney rose mort…un poney rose battu, qui meurt en prenant une balle à la place de son amour inavoué de toujours et a tout juste le temps de lui glisser qu’il l’aimait dans son dernier souffle. Ouhlàlà c’est triste, bouhouhou. Allez c’est bon on tourne !»
« Mais oui, voyons, mon enfant. » murmurais-je d’une voix qui croulait sous sa charge dramatique.
« En ce moment où l’astre roi caresse d’un dernier rayon l’or du champ de blé mur, le temps se retient pour prolonger l’instant et la beauté faite reine exulte. En ce moment, mon enfant, tu seras avec moi.
- Ok, merci alors.
- C’est normal. Et n’oublie pas…
- Oui ?
- Euh…non, je sais plus.
- Euh…non, je sais plus. » répéta le mioche afin de se souvenir.
Il s’éloignait déjà dans la pâleur du lointain quand je commençais à gravir la pente douce de la guillerette passerelle.
Après un terrible pugilat dans mon esprit durant lequel bien des meubles furent réduits en miette, la sensibilité mal placée finit par arracher au machisme primaire son accord du bout des lèvres pour le versement d’une larme symbolique. Ils se serrèrent la main et repartirent bon amis, jusqu’à la prochaine fois.

L’ascension de la passerelle fut aussi longue que passionnante, vous auriez adoré en lire le récit et en seriez ressorti avec une vision neuve du monde et de l’importance des choses, vous auriez sans doute découvert peu après le but de la vie et la voie de la sagesse. Il s’en fallut de peu, croyez-moi, de très, très peu.
Mais parlons plutôt de la passerelle. Non pas que celle-ci ait beaucoup changé, depuis le début, au contraire même. Plus le temps passait, et plus elle me semblait pareil qu’avant. Elle s’élevait toujours, lentement, mais sûrement. Et moi avec.
Chaque reptation m’éloignait du sol plat des débuts, et de…il y avait eu un gamin, non ? Bof, ça n’avait plus d’importance. Car soudain, le bord était là. La passerelle, rétrospectivement peut-être pas si rieuse, se terminait abruptement. Une passerelle vers plus rien. Je penchai la tête par-dessus le bord, mais la brume opaque, encore et toujours me bouchait la vue. Plonger ? Mais c’était du suicide ! J’avais encore tellement de choses à faire ! Apprendre à jouer de l’harmonica, danser des claquettes, caresser le rhizome d’un baobab potager, composer un opéra sur le thème de Star Wars. Je n’allais pas tout laisser tomber, et moi avec, quand même ?
J’imaginais le lac de lave, toujours présent, quelques kilomètres en contrebas, au-delà des brumes du temps. Ou alors avait-il été remplacé par autre chose ? Par rien ? Il n’y avait pas mille façons de savoir.
Oui, c’était stupide. Non, aucun être sain d’esprit n’aurait plongé pour savoir.
Une dernière inspiration, et je nous laissais basculer, ma camisole de force et moi.
Qui vivrait verrait.

09 janvier 2008

Marcel

Imaginez un type, appelons le Marcel. Marcel, l’heureux homme, possède toutes les connaissances humaines scientifiques et techniques modernes, et est, de plus, immortel ou presque.
Mais Marcel a un problème : Marcel est tout seul. Sur une planète perdue au fond de l'espace.

Marcel s’est fait la réflexion que, après tout, malin comme il l’est, il pourrait arriver à disons fabriquer un ordinateur pour passer le temps. Mais Marcel n’as pas d’outils.

Fabriquer un ordinateur ? A partir de sable, de caillasse et de deux trois autres saloperies qui traînent ? C’est possible après tout. Théoriquement. La preuve, l’humanité l’a fait. Oh, pas bien rapidement, ça a pris quelques millénaires aux quelques millions d’humains impliqués au cœur du processus. Mais après tout, même si ça doit lui prendre un milliard d’années, que sont un milliard d’années par rapport à l’éternité ou presque ? Pas grand-chose. Marcel est déterminé.

Mais attends Marcel, tu es sûr de pouvoir réussir ? Après tout, ces millions d’humains étaient plusieurs, et toi tu ne l’es pas. Même si tu sais tout ce que tu as besoin de savoir pour réaliser ton plan, qu’est-ce qui te prouve qu’il est réalisable tout seul, sans aide ?
Bof, qui ne tente rien n’a rien hein. Marcel suppose qu’il sera capable de décomposer chacune de ses opérations de façon à pouvoir l’effectuer seul.
Admettons.

Alors, par quoi commence Marcel ?

Et bien, ça dépend de l’environnement.

Coincé sur un astéroïde de 3 mètres de diamètre, Marcel ne pourrait de toute évidence pas faire grand-chose de ses 10 doigts, même en le voulant très fort.

Heureusement, Marcel n’est pas coincé sur un astéroïde de 3 mètres dérivant dans l'immensité de espace. Non, il est installé sur une planète, bien fournie en divers matériaux, et dotée de vie. Une planète comme la Terre il y a 15000 ans par exemple, mais sans la poignée d’humains.

Priorités pour Marcel ? Marcel, l’immortel, n’a bien sûr besoin ni de manger, ni de boire. Il se concentre sur son objectif, la recréation de technologies.

Et à la base de la technologie, il y a l’outil simple. La pierre coupante, genre silex, qu’il peut utiliser pour couper de petites branches par exemple, afin de fabriquer perches, ou manches outils. Facile. Pour faire du feu, Marcel peut utiliser un silex, de la marcassite et de l’amadou, ou des bouts de bois qu’il frotte. Mais pourquoi le feu ? Pas pour cuire sa nourriture, bien sûr. Mais pour passer à l’étape suivante.

L’étape suivante est du genre ennuyeuse, et longue. Il va s’agir de trouver un gisement de ferrite en surface. Bien sûr, Marcel sait à quoi ressemble un tel gisement et où en trouver, mais il faut marcher. Alors Marcel marche. Et trouve un gisement, bien entendu. Marcel va bientôt pouvoir fondre de l’acier.
Il faut concasser les roches, d’abord, mais pour cela, pas besoin de grand-chose. Caillou contre caillou, huile de coude et patience. Lentement, Marcel accumule ses pépites de ferrite, qu’il entrepose dans sa besace en peau de sanglier. 300 grammes plus tard, à vue de nez tout du moins, Marcel est prêt à passer à l’étape suivante. Construire son atelier de forgeron.

Oh, le strict nécessaire, pas plus. Une grosse pierre plate qu’il aura fait rouler sur des rondins de bois en guise d’enclume, car oui, Marcel aime faire rouler des choses sur des rondins de bois. Et un fourneau, comme de juste. Non, pas un modèle haut de gamme, juste un petit cube en pierres entassées, chapeauté de pierres taillées en long, assez fines pour être portées par Marcel en guise de toit. Car oui, c’est peut-être loin d’être parfait, mais Marcel arrive tout de même à tailler des pierres à l’aide d’autres pierres, à force de patience.

Quelques brassées de bois fourrées dans le foyer, allumées au moyen d’un brandon tiré d’un autre feu. Le feu prend, Marcel l’entretient, les pierres chauffent et la température monte.
Pour l’occasion, Marcel a confectionné un bol en pierre prolongé par un manche, de quoi faire fondre ses pépites sans se griller. Et un moule aussi, constitué de quatre pierres aux bords droits, posées de façon à délimiter un petit parallélépipède. Le métal devenu liquide, il le verse rapidement dans le moule, ajoutant au passage un peu de poudre de braises froides. Puis il attend.

Le métal légèrement refroidi, marcel saisit la pierre à la base du moule et s’en va jeter le tout dans la rivière, peu profonde à cet endroit. Après quelques dizaines de minutes, il récupère finalement sa première pièce de métal, complètement refroidie.

Avec quelques cordelettes de cuir, il la fixe à un manche en bois, taillé au silex, manche qu’il loge ensuite dans le creux formé par la petite pierre préalablement placée au fond de son moule rudimentaire.

Marcel a créé son premier outil en métal. C’est un marteau en acier trempé.


Bon j’ai bluffé bien sûr, je n’ai pas les connaissances nécessaires pour affirmer que tout ce que j’ai écrit est réalisable. Marcel est encore très loin de son but, mais il y a là je pense matière à plus qu’un simple billet de blog.

Imaginez maintenant qu’il y ait plusieurs Marcel, capables de communiquer entre eux à distance. Et que ces Marcel soient des robots à énergie solaire (oui, je suis légèrement monomaniaque), extrêmement sophistiqués mais sans capacité de reproduction.
Question : quelles seraient alors les conditions minimales pour qu’une planète soit robotiquement viable, c’est-à-dire suffisamment accueillante pour qu’un groupe de Marcel-robot puisse monter à partir de rien une usine de création de Marcel ?
Pourrait-on par exemple envoyer une armée de Marcel robotiques sur Mars et voir, au bout d’un certain temps, le nombre de Marcel et donc le niveau de développement infrastructurel de la planète croître exponentiellement ?
Ai-je écrit un billet chiant ?

A vous de juger.