30 août 2006

Réouverture du blog

Sonnez trompettes, couinez kazoos, la symétrie hermitienne revient, plus forte que jamais… Quoi de neuf, chez vous ? Non, je m’en fous en fait. Parlons plutôt de moi. Oh puis non, parlons de Flaubert, ‘Flaubie’ comme aimait à l’appeler son proctologue. La rêverie, dans l’écriture Flaubitique, se trouve intégrée dans un mouvement de va-et-vient, alternant avec un réalisme descriptif quasi Carlossesque (du nom de Carlos, parolier et interprète de génie). « Quel rapport avec le kazoo ? », me demanderez-vous alors. Aucun.

Et sinon, moi, ça va. Un peu en Chine, mais ça me passera, rien de grave. La Chine, justement, parlons du fait d’en parler. Promis, je ne vous saoulerai pas avec le pays jaune dans chaque billet. Un peu par-ci, un peu par là, mais pas plus que la juste mesure, point trop n’en faut, et tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. Est-ce que Max nous embête en parlant de Grenoble dans chaque billet, hein ? Oui, d’accord, ce serait peut-être mieux, mais ce n’est pas la question. Mauvais exemple.

Ceci étant dit, les choses étant claires entre nous, nous allons pouvoir diminuer le niveau de récursivité, et, une fois n’est pas coutume, parler de la Chine.
Au commencement, était l’avion.

« Avion de métal, tu voles avec deux ailes,
Paradoxe orthographique, clapier pour classe économique,
Tu m’as mené vivant jusqu’à destination,
Fendant l’air comme un camion,
Le soleil caresse ma peau, mais ne me parle pas,
La fleur est dans le vase, mon cœur chante pour toi. »

…aurait écrit Max. Vous avez de la chance, je ne suis pas Max. Le reste de ce billet ne piquera donc pas les yeux.

Aéroport, l’endroit de tous les dangers. Je change rapidement mes 300 euros en une liasse de 500 grammes de billets. Je ne recompte pas, mais j’ai confiance. Quand il ne s’agit pas de vélo, le Chinois est honnête. Nous sommes trois Télécommiens à débarquer, en territoire hostile. Germain, Maxime, et moi. Les ‘balanceurs’ ont pris grand soin de nos valises, seules deux sur trois sont abîmées. Dans le hall, un mec nous accroche, et nous propose un taxi. Son anglais est approximatif, mais compréhensible. Grande victoire, nous arrivons à négocier, et, de 45€, le prix tombe à 30€. Evidemment, nous sommes entubés dans les grandes largeurs. Comme nous l’apprendrons plus tard, nous aurions déboursé environ 8€ pour un taxi honnête, 2€ pour l’autocar. Rectification : quand il ne s’agit ni de vélo ni d’entuber l’occidental, le chinois est honnête. Je n’ai toujours pas recompté mes sous.
Comme de bien entendu, le taxi est une camionnette moisie sans ceintures, sans plaque, sans compteur, garé au sous-sol. Le pigeon est dans la casserole, je répète, le pigeon est dans la casserole. Nous payons avant la course…

La circulation sur le périph est du genre ‘no rule’, ça double à droite, ça queue-de-poissonne, pas de priorités, le bonheur pour nous, dans notre boîte de conserve suicide. De vrais taxis doublent régulièrement sur la gauche, voitures modernes, avec ceintures, airbags, freins, vrai chauffeur. Et beaucoup moins chers, mais nous l’ignorons encore. Doux temps de l’innocence…

Par chance, nous arrivons à destination, sans encombres. Bienvenue à la Beijing Language and Culture University, BLCU pour les intimes. Trois pas à peine après l’entrée, un chinois aborde.
‘Good evenings gents, may I help you ?’.
Ce que je traduirai, pour les moins bilingues d’entre nous, par :
‘Bonjour très honorable étranger, comment ma misérable personne pourrait-elle vous être d’une quelconque utilité, si tant est qu’elle puisse jamais en avoir une ? Je ne suis pas digne de croiser votre regard, veuillez pardonnez mon exceptionnelle audace, permettriez-vous que je nettoie vos semelles avec ma langue ?’
(à lire en roulant les ‘r’)

Notre nouveau meilleur ami s’appelle Roy, et parle un très bon anglais. Un peu français aussi, c’est sa deuxième langue Il nous fait visiter un peu le campus, nous aide à nous enregistrer, à obtenir un logement. Quatre heures plus tard, il décide égoïstement de nous abandonner. Bravo la Chine.
Le logement est assez exigu, un peu rustique, mais acceptable. Climatisation de série, TV avec une trentaine de chaînes, téléphone. Les lits sont en béton armé. Bonne surprise, les prises françaises se branchent sans problème sur les prises chinoises. Mauvaise surprise, nous avons hérité de la douche la plus mal conçue au monde. Tout en elle semble crier « je suis architecte et débile, pitié, tuez moi », mais je reviendrai sur le sujet, une fois équipé d’un APN. Les moustiquaires aux fenêtres sont perméables, et la qualité de l’isolation ne donne pas confiance pour l’hiver. Hier, le circuit d’éclairage de la chambre a décidé de mourir brusquement. Plus de lumière, pas moyen de rétablir la chose. Le réparateur arrivera cette après-midi. A suivre…

Le campus, lui, est sympathique. Bien équipé, cosmopolite, rempli de gens agréables et intéressants. La langue de communication est l’anglais, majorité d’étrangers oblige. Ca tombe bien, je ne comprends quasiment rien au Chinois pour l’instant. Les prix, quelques phrases simples, le tout saupoudré de langage des gestes, et d’anglais (très peu parlé par les chinois). De cette façon, avec un peu de bonne volonté, on arrive même à demander l’adresse d’un serveur SMTP de l’université (très difficile à mimer, le serveur SMTP). Mais j’ai tout de même rendu feuille blanche au test préliminaire de chinois, qui hélas ne comprenait ni anglais, ni langage des gestes. Peu importe.

La bataille contre l’administration est, elle, bientôt finie. Les cours commenceront sous peu, mais, pour l’instant, je profite de la fin de ces vacances. Tourisme dans l’air cancérigène, restaurants à 50 centimes le repas, baguettes de rigueur. Nourriture périmée à tous les rayons de supermarché. Classique.

Tellement de choses à raconter, mais si peu envie d’écrire 5 pages indigestes (je ne vise personne…). Le reste sur msn donc, ou dans un prochain billet. Et non, vous ne rêvez pas, j‘ai bloggé.

Enfin, je laisserai à Max le soin de la conclusion.

« Chine, tu es un pays,
Chine, tu es un mot,
Chine, tu comportes cinq lettres,
Chine, tu ne parles pas, mais
Chine, mon cœur chante pour toi. »

Merci, Max, c’est beau. Je sais, c’est bas, mais ça me fait plaisir, c’est l’essentiel.