28 février 2008

Rencontre

Non, vous n'êtes pas dans le plus beau de vos rêves. Pincez-vous, j'ai bloggé.
Et pas qu'un peu, ça non, fini les billets de tarlouze d'une misérable page word ou moins, ce billet est pour les hommes, les vrais, avec de vrais morceaux de mots que vous ne connaissez pas dedans et tout.
A la base, c'est un texte que j'ai écrit pour un jeu-concours que je ne citerai pas pour éviter le plagiat (à la clé, tenez-vous bien : un dictionnaire). Un thème : la rencontre. Une contrainte : placer dix mots que je vous propose de deviner. Bon, disons, essayez d'en trouver deux. Il y en a un que j'ai honteusement parachuté et qui devrait sauter aux yeux.
Je n'ai pas encore envoyé le bouzin, si vous voyez des fautes, ou des trucs qui vous choquent dites le moi.
Enfin, si vous avez des remarques comme quoi c'est trop long j'ai pas lu kikoolol, je n'ai qu'une chose à répondre : kizoooooooooux lolol hihihi lolilol kikoooo ?







Le brave petit poney rose.

Une histoire de courage, et de poneys.

Je ne savais plus quand ça avait commencé. Le voile. Un grand voile noir, qui m’était tombé dessus comme un moellon sur le teckel de mémé. Puis le blanc. Le grand désert blanc.
Cela faisait un certain temps déjà que je rampais, dans cette pâleur laiteuse qui n’en finissait pas, et je commençais sérieusement à me poser des questions.
Où suis-je ?
Oui, pas mal.
Qu’est-ce que j’ai fait de mes bras ?
Faudra que je me penche sur la question.
Et qui c’est, ce morveux ?
« Bonjour.
- Hein ?
- Vous rampez ?
- Non non, je gambade comme un cabri. Tu viens d’où, gamin ?
- De pas loin. C’est quoi un cabri ?
- Une sorte de vache. »
Le gamin ouvrit la bouche, hésita, puis la referma en une moue pensive avec un petit plop mouillé.
Je plissais les yeux pour l’observer.
Le qualifier de dégingandé aurait été du même effet que qualifier le soleil de ‘vaguement tiède’. Le gamin n’était que coudes, genoux et angles en tous genres, il avait passé le stade du désarticulé sans même le voir pour rejoindre celui du sur-articulé à fond de train, et le simple fait qu’il tienne debout relevait du miracle majeur, de celui qui vous fait sortir de terre églises, hôtels, boutiques de souvenirs et pèlerins paralytiques en moins de deux pater.
Un visage fripon surmontait l’anarchie osseuse susmentionnée, et quelques vêtements dépareillés tentaient tant bien que mal de jeter un voile de pudeur, sinon de bon goût, sur le tout.
« T’es qui, toi ?
- Je suis bien content de te voir. Ca fait longtemps que j’avais vu personne dans le coin.
- Le coin ? C’est quoi ce coin ? »
Le gamin haussa un sourcil de perplexité. Et de friponnerie, aussi, car ça oui pas de doute, son visage était fripon.
« Ben, le désert voyons. Tu t’es perdu, toi aussi ?
- Je…non, enfin, je sais pas. Tout ce que je sais, c’est qu’un instant, je n’étais pas là, et l’instant suivant, j’étais là. Et personne pour s’excuser pour le dérangement, rien. »
Le morveux s’accroupit devant moi et l’image d’un tas de petit bois qu’on lâche au sol me traversa l’esprit, s’arrêta faire le plein puis repartit en oubliant sa petite monnaie. Le petit me dévisageait, et je pus détailler son visage où les tâches de rousseur le disputaient à la friponnerie sous des mèches blondes qui n’avaient sans doute jamais même vaguement entendu parler du concept de ‘peigne’.
« On t’a jamais appris qu’il ne faut pas dévisager les grandes personnes, petit ?
- Non, pourquoi ça ?
- C’est pas poli, ça se fait pas. »
L’enfant fixait à présent mon front d’un air perplexe.
« Pourquoi tu es vieux ? » demanda-t-il avec le tact d’un diplodocus affligé d’une mauvaise rage de dents.
« Vieux ? Je suis un grand c’est tout, j’ai encore le temps d’être vieux.
- Pourquoi on doit pas dévisager les gens ?
- C’est comme ça et puis c’est tout. »
La réponse eut l’air de faire mouche. Le petit marqua une pause, et prit l’air absorbé de celui-qui-comprend-et-prend-un-air-absorbé-pour-le-montrer-au-lecteur. Il ouvrit la bouche. Il referma la bouche. Il avait l’air d’essayer de se rappeler de quelque chose.
« Je vais… » commença-t-il.
Son front se plissait sous l’effort.
« Je vais t’a-ppri-voi-ser ».
Son sourire de lait se fondit dans la blancheur du décor, ou plutôt, de l’absence de décor.
« Tu vas quoi ?
- T’apprivoiser.
- Ah. Et c’est bien ?
- C’est vachement chouette. Ca veut dire que je dois apprendre à te connaître en fermant les yeux.
- Voyez-vous ça ?
- Et ouais. Même que c’est une espèce de chien qui me l’a appris l’autre jour.
- Mais évidemment, voyons, que suis-je bête, ça tombe sous le sens. Bon, trêve de palabres, je ne suis pas intéressé par ton abri-machin. Va plutôt chercher tes parents, rase-mottes, et dis leur qu’il y a un gentil monsieur qui rampe dans le désert. »
C’est qu’il ne me connaissait pas, le sale gamin. « M’ abrivaser », et puis quoi encore ? J’étais pas un bon gros nounours en chocolat et guimauve, moi, sous mon extérieur bourru ne se cachait qu’un intérieur encore plus bourru, dans lequel misanthropie et aigreur aimaient à s’attabler autour d’une bonne soupe aux oignons et à la grimace en parlant du bon vieux temps et du fait que tout foutait le camp ma bonne dame, et les jeunes d’aujourd’hui, plus de respect pour rien, ça je vous dis à mon époque on savait se tenir et regardez-moi ces tenues et ils appellent ça de la musique non mais vraiment où allait le monde.
« T’es encore là toi ? Allez zou ! Ouste ! Du vent !
- Ce que… je sais pas où aller monsieur. »
La demi-portion avait composé sa plus belle expression regard-de-cocker-battu, mais on ne me la faisait pas, à moi. La preuve, ma voix n’était même pas noyée dans les sanglots quand je repris la parole. Elle avait encore largement pied.
« Ils sont où tes parents ?
- Je ne sais pas. Loin, je crois. »
Le cocker s’attrista un peu plus, et il s’en fallut de peu qu’il ne batte le record mondial de regard triste (toujours détenu à l’heure actuelle par un cocker battu qui de plus avait ce jour-là regardé Titanic et appris l’espérance de vie d’un cocker).
« Onon est où là ?
- Ca va pas ?
- Non, ça va, ça va, j’ai une poussière dans l’œil. T’occupe.
- On est dans le désert, je te l’ai déjà dit.
- Mais encore ? Y’a une ville dans le coin ?
- …
- Des gens ?
- J’en vois pas.
- Une station de métro ? » enchaînais-je sans espoir.
« - Deu-mai-tro ?
- Laisse tomber. T’aurais pas une boussole sur toi par hasard ? Un GPS ? Un arbre avec de la mousse d’un côté ? »
La frimousse du gamin se teinta d’une expression d’incompréhension mâtinée de profonde inutilité comme seule savent en arborer les enfants perplexes et les guichetiers à cinq minutes de la pause.
« Bon oublie ça. Je vais ramper un peu au hasard si ça te dérange pas. »
A bien y repenser, ce désert avait quelque chose d’inhabituel. Le sol, par exemple. Tout désert qui se respecte mettait normalement un point d’honneur à ce que son sol soit aussi désagréable que possible. Alors bien sûr il y avait plusieurs écoles, le clan des sablonneux, celui des rocailleux, celui des plutôt-sablonneux-mais-un-peu-rocailleux-quand-même-on-sait-jamais-ça-peut-servir, mais sur le principe du désagréable, le consensus était établi. Or ce désert-là était parfaitement plat, et lisse. La reptation y devenait un plaisir quasi-jubilatoire pour quiconque aimait ramper et quasi-jubiler.
Quelque chose clochait.
« Bah, peu importe », pensais-je. « Inutile de m’arrêter encore, j’ai déjà perdu assez de temps avec le gamin. »
Et je rampais de plus belle, tandis que le paysage défilait autour de moi à la vitesse d’une limace boiteuse sous tranquillisants. Non pas, notez, qu’il y ait eu grand-chose à faire défiler. Le sol dur et plat sous mon corps, la blancheur limbique partout, et…que voyais-je donc poindre à l’horizon ? Ce n’était encore qu’une particule accrochée à l’horizon, comme une passerelle métallique qui aurait brillé au loin, mais chût, ne brisons pas le suspense, que pouvait donc bien être cette chose mystérieuse qui m’attirait comme un combat d’éléphants sous amphétamines dans un magasin de porcelaine attire les ennuis ?
« Dis-donc monsieur, tu la vois poindre au loin, cette passmmf »
La fin de la phrase du gamin fût quelque peu contrariée par le pied que je venais de lui plaquer sur la bouche au prix d’indescriptibles contorsions, faute de mains disponibles en nombre suffisant.
« Cette chose mystérieuse qui brille au loin de reflets sibyllins et envoûtants, tu dis ? Un peu, que je la vois. D’ailleurs, j’y vais de ce… euh... rampement.
- Ah oui euh… l’étrange et énigmatique euh…objet de matériau indéterminé, là-bas. Il me donne un mauvais pressentiment. N’y va pas. »
Le gamin avait plissé les yeux et pris un air aussi ténébreux que possible en disant cela. Il comprenait vite, le petit. Il me rappelait moi en moins vieux.
« Ne fais donc pas l’enfant. Il ne se passera rien. C’est promis.» le rassurais-je.
« Bon, si tu le dis…on est bientôt arrivé ?
- Pas encore.
- C’est encore loin ?
- Oui.
- On arrive quand ?
- Je sais pas.
- Et maintenant ?
- Toujours pas.
- Tu sauras quand ?
- Quand on sera arrivé.
- C’est dans longtemps ?
- Oui et maintenant LA FERME ! »
La suite du chemin se fit dans un silence boudeur ou soulagé, c’est selon.
J’avais en tout cas visé juste, car le trajet prit exactement longtemps.

« Ben voilà.
- Voilà quoi ?
- Nous y sommes, la destination énigmatique est atteinte.
- La passerelle métallique ?
- Oui, bon, la passerelle métallique. »
C’était une passerelle métallique, ma foi, de bonne facture. Non pas que je m’y connaisse en passerelles métalliques, mais celle-ci respirait la passerelle honnête forgée par des mains irréprochables rattachées selon le mode opératoire habituel à une face qui irradiait certainement la franchise à cent pas.
Une arche en forme de crâne souriant semblait hurler aux visiteurs « BIENVENUE » tandis que les gargouilles ornant les bords ajoutaient un je-ne-sais-quoi de charme subtil à la construction. Un joyeux lac de lave glougloutait gaillardement quelques centaines de mètres plus bas et lançait des reflets rougeoyants sur le métal poli qui ajoutaient au pittoresque de l’endroit. L’aimable passerelle reposait à quelques mètres de l’à-pic et s’élevait dans une brume opaque d’un avenant marron à l’aplomb de l’étendue bouillonnante.
« Ma-gni-fique ! », lançais-je.
« Hein ?
- Quoi ?
- Mais c’est horrible comme endroit !
- Bof, les enfants, qu’est-ce que ça y connaît ?
- Tu ne comptes pas monter là-dessus quand même ?
- Ben je vais me gêner tiens. C’est pour ça que je suis venu, non ?
- Mais…
- Y’a pas de mais. Je te force pas à venir, hein. Tu comprendras quand tu seras grand. »
Il n’y avait rien à répondre à ça. Jamais.
« Bon, bah au revoir, alors. » lançais-je d’un ton qui se voulait triste sans trop y croire.
« Tu te souviendras de moi ?
- Mais oui, voyons. Quand je verrai un champ de maïs ondoyant joyeusement…euh…je veux dire, un carré de betteraves au loin…attends…choux de Bruxelles ? Rah je sais plus, coupez !
- Blé au soleil » me souffla le gamin d’un air de reproche.
- Ah oui, c’est ça ! Bon on reprend. Attends je prends mon air dramatique. Voyons, choses tristes, choses tristes. Un poney rose mort…un poney rose battu, qui meurt en prenant une balle à la place de son amour inavoué de toujours et a tout juste le temps de lui glisser qu’il l’aimait dans son dernier souffle. Ouhlàlà c’est triste, bouhouhou. Allez c’est bon on tourne !»
« Mais oui, voyons, mon enfant. » murmurais-je d’une voix qui croulait sous sa charge dramatique.
« En ce moment où l’astre roi caresse d’un dernier rayon l’or du champ de blé mur, le temps se retient pour prolonger l’instant et la beauté faite reine exulte. En ce moment, mon enfant, tu seras avec moi.
- Ok, merci alors.
- C’est normal. Et n’oublie pas…
- Oui ?
- Euh…non, je sais plus.
- Euh…non, je sais plus. » répéta le mioche afin de se souvenir.
Il s’éloignait déjà dans la pâleur du lointain quand je commençais à gravir la pente douce de la guillerette passerelle.
Après un terrible pugilat dans mon esprit durant lequel bien des meubles furent réduits en miette, la sensibilité mal placée finit par arracher au machisme primaire son accord du bout des lèvres pour le versement d’une larme symbolique. Ils se serrèrent la main et repartirent bon amis, jusqu’à la prochaine fois.

L’ascension de la passerelle fut aussi longue que passionnante, vous auriez adoré en lire le récit et en seriez ressorti avec une vision neuve du monde et de l’importance des choses, vous auriez sans doute découvert peu après le but de la vie et la voie de la sagesse. Il s’en fallut de peu, croyez-moi, de très, très peu.
Mais parlons plutôt de la passerelle. Non pas que celle-ci ait beaucoup changé, depuis le début, au contraire même. Plus le temps passait, et plus elle me semblait pareil qu’avant. Elle s’élevait toujours, lentement, mais sûrement. Et moi avec.
Chaque reptation m’éloignait du sol plat des débuts, et de…il y avait eu un gamin, non ? Bof, ça n’avait plus d’importance. Car soudain, le bord était là. La passerelle, rétrospectivement peut-être pas si rieuse, se terminait abruptement. Une passerelle vers plus rien. Je penchai la tête par-dessus le bord, mais la brume opaque, encore et toujours me bouchait la vue. Plonger ? Mais c’était du suicide ! J’avais encore tellement de choses à faire ! Apprendre à jouer de l’harmonica, danser des claquettes, caresser le rhizome d’un baobab potager, composer un opéra sur le thème de Star Wars. Je n’allais pas tout laisser tomber, et moi avec, quand même ?
J’imaginais le lac de lave, toujours présent, quelques kilomètres en contrebas, au-delà des brumes du temps. Ou alors avait-il été remplacé par autre chose ? Par rien ? Il n’y avait pas mille façons de savoir.
Oui, c’était stupide. Non, aucun être sain d’esprit n’aurait plongé pour savoir.
Une dernière inspiration, et je nous laissais basculer, ma camisole de force et moi.
Qui vivrait verrait.

09 janvier 2008

Marcel

Imaginez un type, appelons le Marcel. Marcel, l’heureux homme, possède toutes les connaissances humaines scientifiques et techniques modernes, et est, de plus, immortel ou presque.
Mais Marcel a un problème : Marcel est tout seul. Sur une planète perdue au fond de l'espace.

Marcel s’est fait la réflexion que, après tout, malin comme il l’est, il pourrait arriver à disons fabriquer un ordinateur pour passer le temps. Mais Marcel n’as pas d’outils.

Fabriquer un ordinateur ? A partir de sable, de caillasse et de deux trois autres saloperies qui traînent ? C’est possible après tout. Théoriquement. La preuve, l’humanité l’a fait. Oh, pas bien rapidement, ça a pris quelques millénaires aux quelques millions d’humains impliqués au cœur du processus. Mais après tout, même si ça doit lui prendre un milliard d’années, que sont un milliard d’années par rapport à l’éternité ou presque ? Pas grand-chose. Marcel est déterminé.

Mais attends Marcel, tu es sûr de pouvoir réussir ? Après tout, ces millions d’humains étaient plusieurs, et toi tu ne l’es pas. Même si tu sais tout ce que tu as besoin de savoir pour réaliser ton plan, qu’est-ce qui te prouve qu’il est réalisable tout seul, sans aide ?
Bof, qui ne tente rien n’a rien hein. Marcel suppose qu’il sera capable de décomposer chacune de ses opérations de façon à pouvoir l’effectuer seul.
Admettons.

Alors, par quoi commence Marcel ?

Et bien, ça dépend de l’environnement.

Coincé sur un astéroïde de 3 mètres de diamètre, Marcel ne pourrait de toute évidence pas faire grand-chose de ses 10 doigts, même en le voulant très fort.

Heureusement, Marcel n’est pas coincé sur un astéroïde de 3 mètres dérivant dans l'immensité de espace. Non, il est installé sur une planète, bien fournie en divers matériaux, et dotée de vie. Une planète comme la Terre il y a 15000 ans par exemple, mais sans la poignée d’humains.

Priorités pour Marcel ? Marcel, l’immortel, n’a bien sûr besoin ni de manger, ni de boire. Il se concentre sur son objectif, la recréation de technologies.

Et à la base de la technologie, il y a l’outil simple. La pierre coupante, genre silex, qu’il peut utiliser pour couper de petites branches par exemple, afin de fabriquer perches, ou manches outils. Facile. Pour faire du feu, Marcel peut utiliser un silex, de la marcassite et de l’amadou, ou des bouts de bois qu’il frotte. Mais pourquoi le feu ? Pas pour cuire sa nourriture, bien sûr. Mais pour passer à l’étape suivante.

L’étape suivante est du genre ennuyeuse, et longue. Il va s’agir de trouver un gisement de ferrite en surface. Bien sûr, Marcel sait à quoi ressemble un tel gisement et où en trouver, mais il faut marcher. Alors Marcel marche. Et trouve un gisement, bien entendu. Marcel va bientôt pouvoir fondre de l’acier.
Il faut concasser les roches, d’abord, mais pour cela, pas besoin de grand-chose. Caillou contre caillou, huile de coude et patience. Lentement, Marcel accumule ses pépites de ferrite, qu’il entrepose dans sa besace en peau de sanglier. 300 grammes plus tard, à vue de nez tout du moins, Marcel est prêt à passer à l’étape suivante. Construire son atelier de forgeron.

Oh, le strict nécessaire, pas plus. Une grosse pierre plate qu’il aura fait rouler sur des rondins de bois en guise d’enclume, car oui, Marcel aime faire rouler des choses sur des rondins de bois. Et un fourneau, comme de juste. Non, pas un modèle haut de gamme, juste un petit cube en pierres entassées, chapeauté de pierres taillées en long, assez fines pour être portées par Marcel en guise de toit. Car oui, c’est peut-être loin d’être parfait, mais Marcel arrive tout de même à tailler des pierres à l’aide d’autres pierres, à force de patience.

Quelques brassées de bois fourrées dans le foyer, allumées au moyen d’un brandon tiré d’un autre feu. Le feu prend, Marcel l’entretient, les pierres chauffent et la température monte.
Pour l’occasion, Marcel a confectionné un bol en pierre prolongé par un manche, de quoi faire fondre ses pépites sans se griller. Et un moule aussi, constitué de quatre pierres aux bords droits, posées de façon à délimiter un petit parallélépipède. Le métal devenu liquide, il le verse rapidement dans le moule, ajoutant au passage un peu de poudre de braises froides. Puis il attend.

Le métal légèrement refroidi, marcel saisit la pierre à la base du moule et s’en va jeter le tout dans la rivière, peu profonde à cet endroit. Après quelques dizaines de minutes, il récupère finalement sa première pièce de métal, complètement refroidie.

Avec quelques cordelettes de cuir, il la fixe à un manche en bois, taillé au silex, manche qu’il loge ensuite dans le creux formé par la petite pierre préalablement placée au fond de son moule rudimentaire.

Marcel a créé son premier outil en métal. C’est un marteau en acier trempé.


Bon j’ai bluffé bien sûr, je n’ai pas les connaissances nécessaires pour affirmer que tout ce que j’ai écrit est réalisable. Marcel est encore très loin de son but, mais il y a là je pense matière à plus qu’un simple billet de blog.

Imaginez maintenant qu’il y ait plusieurs Marcel, capables de communiquer entre eux à distance. Et que ces Marcel soient des robots à énergie solaire (oui, je suis légèrement monomaniaque), extrêmement sophistiqués mais sans capacité de reproduction.
Question : quelles seraient alors les conditions minimales pour qu’une planète soit robotiquement viable, c’est-à-dire suffisamment accueillante pour qu’un groupe de Marcel-robot puisse monter à partir de rien une usine de création de Marcel ?
Pourrait-on par exemple envoyer une armée de Marcel robotiques sur Mars et voir, au bout d’un certain temps, le nombre de Marcel et donc le niveau de développement infrastructurel de la planète croître exponentiellement ?
Ai-je écrit un billet chiant ?

A vous de juger.

23 décembre 2007

De Platon à Mao : 200 ans d'histoire du curling

Bonsoir, foule immense de mes lecteurs et lectrices.
Je blogge, ici, ce soir, pour vous rappeler que non, après demain ne sera pas un jour ordinaire. Après demain sera un jour spécial, un jour de joie, de communion, d’amour, de gloire et de beauté. Après-demain, c’est l’anniversaire du père-noël.

Je vois d’ici le tableau, vous, chez vous, noyés dans une mer d’opulence, le foie gras coulant à flot, les tranches de caviar gobées au quintal. Et moi, grelottant de froid dans ma cabane chinoise, pauvre, seul et affamé. Mais comme disait Wittgenstein, celui qui n’a jamais été seul, peut-il seulement aimer ? Peut-il aimer jamais ?

Je ne sais pas.

Mais ce que je sais, c'est que par un cocasse hasard, après-demain sera aussi la date de mon premier partiel de fin de semestre. Après tout, me direz-vous, quel meilleur jour que celui de Noël pour travailler ? La pentecôte ? Le jour de son mariage ? Un onze septembre au world trade center ?

Non mais en fait je suis heureux. Pas de cadeaux, pas de préparatifs, de bisoux qui piquent à la mamie, rien que du classique, mon bol de riz, mon plat de graisse et mon partiel d’intelligence artificielle avec bouquin en chinois autorisé, merci la vie.

Allez, je laisse à mon sosie le mot de la fin.


Merci Brian !

09 décembre 2007

Tribute to la maternelle

Comme tout le monde, je regrette le bon vieux temps de la maternelle, quand les devoirs les plus difficiles consistaient à colorier sans dépasser et à choisir le bon crayon gras à écraser sur la feuille.

Heureusement, la science avance et MS Paint permet aujourd'hui à tout un chacun de redécouvrir ces joies simple de notre enfance. Voici donc mon chef d'œuvre, vous pouvez l'imprimer et l'accrocher sur la porte du frigo si ça vous dit. Je l'ai intitulé "tribute to la maternelle".



Je remercie tout particulièrement l'outil pinceau et la palette de couleurs par défaut, sans qui rien de tout cela n'aurait été possible. Et tous ceux que j'oublie bien sûr.

27 novembre 2007

Transformations

Il est des choses que l’on voudrait crier dans le vent jusqu’à s’en casser la voix, ou écrire sur des parchemins en lettres de feu et jeter à la mer, les cheveux embrumés de parfums enivrants sous des soleils fatigués d’une gloire révolue.
Oui, je suis un poète, je joue de la guitare et j’ai les cheveux longs. Tout comme Max, oui. Mais je n’ai jamais redoublé. Et bim ! C’est gratuit.
Mais Christophe, que sont donc ces choses que tu voudrais écrire en lettre de feu ou hurler dans le vent sur fond de violons langoureux ?

Et bien, que j’aime faire la sieste par exemple. Le matin, je suis une larve, je n’aime pas les gens et ne m’exprime que par semi-syllabe. Puis vient l’heure de la sieste, ou l’heur de la sieste aurais-je glissé si envie m’avait pris de lancer un subtil jeu de mot. Après quoi je ne suis plus le même homme. Je gambade gaiement, je rue dans les brancards, hausse les sourcils et bloggue à qui-mieux-mieux, trouvant l’énergie incroyable de puiser au plus profond de mon être des expressions moisies en veux tu en voilà, à tire-larigot et comme s’il en pleuvait comme vache qui pisse.

Et ce, jusqu’au matin suivant quand je redeviens l’homme-serpillière, et ainsi de suite jusqu’à ce que mort s’ensuive.

25 novembre 2007

Kim Peek et le test de Turing.

Pour les plus effroyablement ignorants de mes lecteurs, je rappelle de manière condescendante que le test de Turing est un test permettant de déterminer si un programme informatique se comporte de façon semblable à un être humain. Dans sa version la plus simple, il s’agit de poser des questions à un programme, et à un humain, tous deux cachés, et d’essayer de déterminer qui est quoi. Le programme passe le test s’il n’est pas reconnu en tant que tel. Ben sûr, il existe des tas de gens qui, à la place d’un programme, échoueraient. Des handicapés mentaux, des enfants, Miss teen South Carolina, et « such as »… Et parmi tous ces gens, il y a Kim Peek, surnommé « le vrai Rain man ».



Kim Peek, c'est le mec qui connaît 12 000 livres par cœur ou presque, et qui lit deux pages en 10 secondes, un œil sur chaque. Né avec des dommages cérébraux importants, Kim Peek possède un cerveau à l’organisation atypique, ce qui explique tant ses dons surhumains que sa totale incapacité à effectuer des tâches simples de la vie de tous les jours, s’habiller par exemple. Ou effectuer une analogie.

Bien sûr, le « Google sur pattes » a été observé sous toutes les coutures et testé de nombreuses fois. Ce qu’il en ressort, et qui m’a frappé, c’est qu’apparemment Peek n’interprète pas les données qu’il agrège. Un être humain normal ne stocke pas l’information sous forme de mots et de chiffres, tout comme il ne pense pas avec des mots. Il transforme, « compile » les données. C’est pourquoi il est si difficile d’apprendre une poésie par cœur (mais si facile de se rappeler à peu près de quoi elle parle), sans parler d’apprendre le chinois…sauf pour Peek.

Peek ne possède pas la couche d’interprétation, il stocke les données sous forme brute. D’où, je suppose, sa vitesse de décodage et stockage incroyable, et la précision de ses souvenirs – il se souvient mot pour mot de 98% de ce qu’il a lu. Et d’où je suppose son incapacité totale à comprendre une analogie : l’analogie utilise l’objet interprété comme point commun entre des idées différentes, objet manquant chez lui.

Mais ce qu’il faut retenir, c’est surtout que Peek offre aux chercheurs de lever un peu plus le coin du voile sur le fonctionnement du cerveau, en mettant à nu une sous-couche de celui-ci.

Alors finalement, me suis-je demandé, un Kim Peek artificiel serait-il difficile à programmer, et à quel point ? Peek sait agréger et regrouper son savoir, comprend l’anglais naturel (au niveau structurel), sait se déplacer dans son environnement, et possède quelques capacités sociales, quoi que limitées. L’état de l’art en IA n’est pas loin de tout ça. L’on sait faire des robots qui se déplacent et reconnaissent leur environnement, ça n’est pas encore très impressionnant, mais déjà fonctionnel. L’on sait faire de la reconnaissance vocale, et analyser plus ou moins un texte donné. Et l’on sait très, très bien stocker des données en masse. Les capacités sociales des robots aussi s’améliorent rapidement, l’on sait détecter l’humeur d’une personne par exemple, et faire en sorte que le robot s’adapte. Cela peut paraître un peu présomptueux, mais finalement j’ai l’impression qu’une version robotisée de Kim Peek pourrait presque être réalisable avec les moyens techniques actuels. Son surnom d’homme-ordinateur lui irait alors comme un gant.

Certes, il manquerait au robot-peek les émotions, le ressenti physique, et sûrement beaucoup de choses que j’oublie. Mais il y a déjà de quoi commencer à se poser des questions. Personne n’envisagerait une seule seconde de traiter Peek comme un objet. Que se passera-t-il lorsque sortira un robot-Peek ? Et un robot un peu plus intelligent que robot-Peek ?

Personnellement, je crois (peut-être parce que j’ai envie d’y croire) que si je ne meurs pas d’un cancer des poumons provoqué par la pureté de l’air Pékinois dans les 40 ans à venir, je verrai l’avènement d’une intelligence artificielle totalement indistinguable de celle de l’Homme, du moins si la recherche continue dans le sens actuel. Veut-on en arriver là ? A partir de quel degré d’intelligence et de sensibilité simulée peut-on considérer criminel de mettre un robot à la casse ?

Préparez-vous à répondre à ces questions mes cocos, parce que bientôt, on ne pourra plus les éviter. Enfin, peut-être.



Kim Peek, docu en 5 parties (anglais) : http://www.youtube.com/watch?v=k2T45r5G3kA

18 novembre 2007

Confession

Je dois avouer quelque chose, quelque chose que je cachais depuis trop longtemps.
Je suis Pastafari.


« Il était une fois rien. Puis le Monstre en Spaghettis Volant se mit à exister depuis toujours. Au premier jour, il créa une montagne, et se dit que c’était pas mal. Alors il rajouta des arbres, et un nain. Et il jugea que c’était un boulot acceptable pour la journée. Le lendemain et les deux jours suivants, il créa le reste de l’univers. Puis il se reposa. »

Bien sûr, impossible de résumer la pensée Pastafariennique en un texte si court, aussi divinement inspiré soit-il. Contentons-nous de remarquer l’incroyable supériorité du Plat de Spaghettis Volants sur d’autres dieux beaucoup plus lents à prétendument créer l’univers.
Le Monstre en Spaghettis Volant est omniprésent, omniscient, gentil et invisible. Il modifie par ailleurs systématiquement toute mesure afin de faire croire que le monde est tel qu’il est, par l’intervention de son divin tentacule, le Nouillesque Appendice. Ainsi croyons-nous par exemple constater que l’univers est âgé de plus ou moins 13 milliards d’années, alors qu’en fait non.

La bonté du Monstre en Spaghettis Volant est infinie mais sa colère peut être terrible envers quiconque ne porte pas de costume de pirate, au moins une fois pas semaine. Enfin, quel est le prix d’un habit de pirate, par rapport à une éternité de volcans remplis de bière et d’usines à strip-teaseuses ? Bien maigre assurément.

Ceci n’est pas une blague. Je crois, du plus profond de mon être, que le Monstre en Spaghettis Volant existe, qu’il m’inspire en ce moment-même, et qu’il me trouve super. Et il te trouve super, aussi, toi qui lis ces lignes. Il t’aime d’amour et tu iras en enfer si tu ne crois pas en lui.

De plus, un être qui t’es cher mourra dans les deux mois dans des souffrances horribles si tu ne copies pas ce texte sur ton blog ou ne l’envoies à au moins 20 de tes contacts mails. Ce sera de ta faute. Tu l'auras tué. Ta mère ? Ton père ? Ta soeur ? Ta petite fille ? Morts. A cause de toi. Parce que tu n'auras pas pris le temps de faire un simple copier-coller. C'est vraiment ce que tu veux ?