13 janvier 2006

L'art moderne


Je garde encore aujourd’hui un souvenir émerveillé de ma visite à la Tate gallery, célèbre musée d’art moderne londonien. Art moderne, le mot est lancé. Enfin, les deux mots. Je vous en prie, immergez-vous donc dans mes souvenirs, et revivons ensemble ce grand moment que chaque homme devrait connaître au moins une fois dans sa vie.

Voilà le bâtiment de la Tate, comme l’appellent les habitués. Juste à coté de la Tamise, ou la Thames comme l’appellent les habitués. En fait de bâtiment, il s’agit d’une usine géante en briques, comme l’on peut en voir dans Tintin chez les Soviets, mais retapée bien sûr. C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures, paraît-il, mais parfois, non. Mais entrez donc, faites pas vos sucrées. Voilà le hall. Grand et vide, RAS. Passons directement à l’exposition. L’exposition gratuite, bien sûr, parce qu’il ne faut pas déconner non plus, c’est de l’art moderne.

L’art moderne, ou comment apprécier les petites choses de la vie. Après ça, c’est fou comme tout semble beau. Mon Dieu, un extincteur ! L’émoi me gagne ! Un arrière de voiture Renault…euh, non toujours pas. Mais même les taggeurs qui se contentent d’inscrire leur nom semblent bourrés de talent. Voyons donc pourquoi.
L’ascenseur s’ouvre, la première salle est là. La rigolade commence. Carré blanc sur fond blanc, ça vous rappelle quelque chose ? Moi j’ai vu carré noir sur fond noir. Enfin, j’ai aussi vu rectangle noir sur fond blanc, rond bleu sur fond vert, tache noire sur fond mordoré. Alors bien sur, comme ça, ça paraît stupide, mais...euh... non en fait j’ai rien pour finir cette phrase. Ah si. Mais y’a pire ! Si, si, c’est possible. Prenez une toile, mettez-y un coup de couteau. Et écrivez ensuite un long texte plein de vide sur le mal de vivre intrinsèque de l’artiste et la consubstantialité de l’être, et n’oubliez pas de signer. Rajoutez-y aussi un post-it « Ne pas cheter au chordures » pour la femme de ménage, et voilà.

Alors bien sûr, en art moderne, il n’y a pas que des croûtes. Il y a aussi des sculptures. Enfin, des empilages d’ordures, plutôt. Ou des collages volés à la maternelle, pour les plus audacieux des artistes. Toujours accompagnés de leur barratin expliquant quelle profonde démarche a poussé l’artiste à explorer de nouvelles formes de laideur, toujours. Car oui, le barratin est essentiel. Le barratin est ce qui distingue l’artiste moderne du singe, ou de l’âne qui peint avec sa queue, a dit un sage dont le nom m’échappe. Moins on comprend et mieux c’est.

Alors bien sûr, au fur et à mesure de la visite, des fois on se demande. « Bon alors, c’est quoi ce truc, c’est de l’art ou bien… ». Pas de texte à coté ? Bon, quelqu’un a laissé tombé un mouchoir usagé. Passons. Par contre, forcément, au bout d’un moment on se lasse, et on ne lit plus les textes. On regarde vite fait, juste le temps de regretter de l’avoir fait, puis on passe au suivant. « Ah tiens, c’est bizarre, on dirait qu’il savait dessiner celui-là. » Ah non, c’est de la peinture au numéro. J’ai eu peur.

Bien sûr, l’art moderne n’a pas que des inconvénients, loin de là. Si vous allez dans un musée avec des vraies œuvres, vous constaterez que chaque salle est surveillée, que les œuvres sont protégées des visiteurs, et que les systèmes de sécurité ne manquent pas. Rien de tel avec l’art moderne, biens sûr. « Servez-vous, pitié » peut-on même lire dans certaines salles. Mais bon, si tout doit disparaître, je préconise le feu. Enfin voilà, l’art moderne n’est pas très cher à exposer, c’est toujours ça de pris.

Bref, j’espère vous avoir fait découvrir et apprécier cette branche trop méconnue de l’humour absurde qu’est l’art moderne. Tout ça pour dire que mon autoportrait n’était pas si mal, après tout

4 commentaires:

Anonyme a dit…

L'art a depuis longtemps voulu représenter le beau. Certains se sont lassés de la beauté, et tentent autre chose.
C'est sûr que quand on veut faire quelque chose qui soit autre chose que beau...

D'ailleurs, tu pourrais nous expliquer ce qu'est la beauté.

Anonyme a dit…

Mwhahhaah ... et pourquoi l'art et le beau iraient de pair ? (non, je ne dis jamais de choses comme ça)

Toujours est il, moi, tout le long du billet, j'ai pensé "caca", et c'était aussi ma dernière impression : Christophe, as tu rencontré Marie, et essaierais tu de la faire fuir ?

Chris a dit…

Alors Laurent, non... et non. Mais je pense qu'elle n'a pas besoin de ça pour fuir (tu te rappelles ton commentaire accrostiche ?).

Enfin, c'est pas moi qui ai fait l'image, mais elle représente bien ce que je dis, non ? (allez-y, lachez vous sur la blague)

Anonyme a dit…

Humour, humour, et puis bon, c'était pour rebondir sur l'espace de l'acrostiche de Nico.