02 janvier 2006

Les vendeurs

Après que le preux Laurent a vertement vilipendé l’infâme barre de chargement, j’aimerais semoncer une autre catégorie de gueuserie verminesque et importune au plus haut degré, j’ai nommé la vile guilde des camelots en tout genre.
Mais trêve de tautologies ou autres dérives vocabularistiques moyenâgeuses, examinons donc les faits bruts à la lumière puissante de l’esprit de vérité et de justice qui a animé ce blog depuis son commencement, en des temps immémoriaux, jusqu’à maintenant.

La famille vendeur, de l’ordre des verminacées, regroupe plusieurs espèces, chacune ayant su au cours des âges s’adapter aux différentes niches écologiques afin de perdurer.

La grande histoire des vendeurs commence il y a quelques 27 millions d’années de cela, dans les forêt humides d’un continent aujourd’hui disparu. Le vendeur primitif était alors court sur pattes, avec de grands yeux et un crâne peu développé, et surtout une grande queue qui lui servait alors à s’équilibrer sur son comptoir de pierre. On retrouve chez les différentes espèces actuelles toutes ces caractéristiques, à l’exception de la grande queue qui a totalement disparu.


Un vendeur primitif attend le chaland sur son comptoir rudimentaire.

Les différences majeures entre les espèces modernes sont d’ordre comportemental, et le croisement entre vendeurs de différentes espèces est en général tout à fait possible, même si le résultat en est stérile. Ci-dessous, une description de quelques espèces parmi les plus répandues…

  • Le collant (verminacus collantus) : le collant est sédentaire, et chasse à l’affût. Dès sa maturité, il se creuse un magasin dans lequel il se terre, avant d’attendre la visite d’une proie. Le collant se jette sur cette dernière, à laquelle il reste alors collé par une glu extrêmement puissante, d’où son nom. Une fois la proie barratinée à mort, le collant la stocke dans une cavité de son terrier appelée caisse, où il pourra finir de la digérer en aspirant ses parties molles préalablement liquéfiées.
Le collant est extrêmement dangereux, mais quelques techniques simples peuvent permettre de lui échapper. Des phrases comme « Non casse toi connard », « J’ai pas de fric » ou « Tu sais où tu peux te la mettre ta cuisine intégrée complète avec frigo américain de 300 litres ? » peuvent le tenir à distance le temps de fuir. Méfiez vous toutefois du vigilos brutex pouvant vivre en symbiose avec certains vendeurs, son système nerveux n’est peut-être pas très développé mais sa masse importante en fait un adversaire à éviter.

  • L’incompétent menteur (verminacus vulgaris) : sans doute l’espèce la plus répandue, et la plus nuisible bien sûr. Après un stade larvaire, aussi appelé CAP coiffure, l’incompétent devient un membre actif de la colonie, car oui, l’incompétent est un vendeur social. Pour faire subsister la colonie, il passe le plus clair de son temps à chasser dans le territoire du groupe. Une fois la proie repérée, il l’approche par une technique de leurre, appelée brushing de Jean-Louis David (du nom de son découvreur). La proie enfin à portée, l’incompétent projette sur elle un concentré d’acide balivernique, puis la prépare à être consommée selon un processus appelé entubage profond. La proie enfin prête à être consommée, elle est ramenée dans la caisse commune à la colonie.
Le régime de l’incompétent menteur se compose principalement de proies malades ou affaiblies, voire de carcasses, plus sensibles à l’acide balivernique. Voici quelques séquences montrant un vulgaris attaquant une vieille :

« Bonjour, Madêêeeme, en quoi puis-je vous être utile ?
- Oui bonjour, je voudrais l’internet pour envoyer des messages à mes petits…
- Ouhlà mais il vous faut le top pour ça ma brave dame ! Voilà notre modèle le plus perfectionné, il a une grosse disquette dure pour envoyer des messages plus vite, 1 gigahertz de rame pour que les couleurs soient plus belles à l’écran, et la toute dernière technologie en matière de clavier.
- Bon et ben si il me faut ça…c’est bien en anciens francs les prix ?
- Oui oui parfaitement. Bon penchez vous, nous allons conclure la vente. »
Que c’est beau la nature…

Enfin, et pour conclure ce tour d’horizon non exhaustif, je présenterai le…
  • Vendeur de Mongallet (verminacus chinoisis) : sans doute l’espèce la plus singulière de vendeur. On ne la trouve que dans quelques rues de Paris, en très fortes concentrations toutefois. Elle a su tirer parti de conditions toutes particulières, et très favorables, pour prospérer en dépit de tout bon sens. Le vendeur de Mongallet possède en effet un mode de chasse des plus singuliers : il se contente d’ouvrir la bouche et d’attendre que les proies se jettent en masse dans sa gueule béante, puis se pré-digèrent en s’aspergeant de sucs gastriques, pour plus de confort du « prédateur ». L’afflux constant de proies suicidaires assure au vendeur de Mongallet un apport massif de nutriments, et ceci malgré son état quasi-végétatif. Certains spécialistes préfèrent d’ailleurs désormais classer le vendeur de Mongallet parmis les droséracées, à l’instar de certaines plantes carnivores, mais le débat reste vif.

Détail amusant, la rumeur dit qu’en croisant un chinoisis et un vulgaris, on pourrait obtenir le verminacus incredibilus, ou vendeur honnête, dont font état certains contes et légendes. Le très faible taux de réussite de l’opération a pour l’instant empêché toute vérification, mais l’espoir subsiste.

Voilà, j’espère vous en avoir appris un peu sur cette fascinante famille, produit de plusieurs années d’évolution. Stay tuned, sweeties !

9 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu n'as pas parlé de la chaîne d'hypermarchés (verminacus rex) dont la taille et la voracité dépasse l'imaginable. Ses techniques d'attaque sont généralement basiques mais très efficaces.

Chris a dit…

Je parlais bien sûr de la bête, et la chaîne d'hypermarché n'en est pas une...

Anonyme a dit…

Son patron en est une

Anonyme a dit…

Pourquoi Dieu a-t-il créé des bêtes aussi viles ?

Là est la question.

Anonyme a dit…

pourquoi dieu a-t-il créé le chinois?

Non, plus sérieusement je voudrais faire constater à christal qu'il a oublié le vendeur qui possède tout.

Il vient vers vous, regarde ce que vous voulez prendre et vous dit : "Non, celui ci est un mauvais modèle". Puis, regardant le modèle sur lequel sa marge est la plus grande : "Préférez celui-ci, il se trouve d'ailleurs (comme par hasard) que je possède le même chez moi. Ir-ré-pro-chable". Alors convaincu de la bonne foi du vendeur (j'ai un doute sur le "foi", ce n'est pas la peine de relancer le débat dessus), on se laisse convaincre et on prend le produit pourrave. C'est alors que la deuxième attaque intervient : "Vous prendrez naturellement une extorsion de gar, euh, excusez moi, une extension de garantie?"

C'est vrai quoi, pourquoi ne pas prendre une extension de garantie : "ca serait vraiment dommage que votre ordinateur portable à 2300€ (mwahahahah - rire démoniaque intérieur) crâme au bout de 12 mois et un jour! Il faut savoir, et j'ai les chiffres quelque part dans mon bureau que près de 99,9% des ordinateurs portables tombent en panne entre la première et la deuxième année. Après c'est à vous de voir. Je ne peux pas vous imposer la clairvoyance, je peux juste vous conseiller la sécurité".

et voila comment le vendeur (classique chez casto, darty, boulanger, fnac, conforama...) vide sa proie.


Personnellement, je suis hautement blasé pour les trucs de vendeurs de merde. Maintenant, quand un vendeur me dit " perso, je l'ai à la maison", je réponds : "moi aussi et c'est de la merde, c'est pour ça que j'en veux un nouveau". Progressivement, je suis les conseils de christophe et j'envois chier le vendeur dés qu'il m'approche. Le "casse toi connard" marche en général très bien.

Anonyme a dit…

ah oui, j'oubliais aussi. On a appris ça récemment en cours : le vendeur chiennos fait souvent exprès d'adopter la position de sa victime pour que cette dernière se sente près de son prédateur.

Classique.

Dans ce cas, je ne peux que conseiller (si vous vous sentez un jour dans cette situation) de prendre la position la plus débile qu'il soit pour faire chier le vendeur.

Chris a dit…

Merci Yves, pour ta prose enflammée.

Anonyme a dit…

Il ne vous est jamais venu a l'idée que "vendeur" c'est un metier ?
Et vendre c'est encaisser !

Alors, les petits etats d'ame minables ne sont que pipi de chat pour les vendeurs. pendant que vous perdez votre temps à lire ces aneries, ils s'enrichissent.

Chris a dit…

Les "petits états d'âme minables", du genre honnêteté, respect, fiabilité ? C'est avec ces "petits états d'âme minables" qu'on se fait une clientèle, qu'on gagne en réputation et qu'on se forge un vrai business.

Bien sûr, il y a des niches, des secteurs pointus à large public par exemple, où la malhonnêteté paie, mais l'argent pour l'argent, à quoi bon ?